17 septembre 1931 : quand vient la fin de l’été, Delius le célèbre encore…
Instant classique – 17 septembre 1931… 88 ans jour pour jour. À la toute fin de la Première Guerre mondiale, Frederick Delius, compositeur anglais qui avait depuis longtemps posé ses valises en France, à Grez-sur-Loing tout près de Moret, le village de Sisley, avait composé une partition baptisée « Poème de la vie et de l’amour ».
Une bonne dizaine d’années plus tard, devenu aveugle et paralysé en raison des effets de la syphilis, il dit à son copiste et grand admirateur Eric Fenby qu’il avait perdu la partition de ce poème symphonique et qu’il souhaitait la reconstituer de mémoire. Fenby, compositeur lui-même, étant devenu ses yeux — ce que la femme de Delius, Jelka, avait essayé d’être elle-même avant l’arrivée de Fenby —, ils se mettent tous deux au travail.
« Je veux que vous imaginiez que nous sommes assis en haut d’une falaise dans la bruyère, contemplant la mer. Les accords soutenus aigus des cordes suggèrent le ciel clair et calme et la tranquillité de la scène… Vous devez vous rappeler cette figure mélodique qui vient aux violons quand la musique devient plus animée. Je l’introduis ici pour suggérer la montée douce et la chute des vagues. Les flûtes suggèrent une mouette glissant. »
Voici ce que Delius décrit à Fenby pour illustrer ce qu’il souhaite. Sans Fenby, jamais ce petit poème symphonique si délicieux — et très debussyste — n’aurait vu le jour, comme d’ailleurs plusieurs autres œuvres du maître, qui lui a d’ailleurs dédié la partition.
Elle est créée à Londres sous la direction d’Henry Wood voici tout juste 88 ans. C’est à partir de cette œuvre que Ken Russell partira dans les années soixante pour réaliser son film éponyme sur la vie d’Eric Fenby, et donc celle de Delius ; tandis que Kate Bush s’en inspirera pour une chanson au début des années quatre-vingt.
Il paraît qu’aujourd’hui, on pourra encore parler d’été, alors…
Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »