The Fringe : le off d’Édimbourg, entre festival et marché

The Fringe : le off d’Édimbourg, entre festival et marché
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Du 2 au 26 août, la ville d’Édimbourg se transforme pour accueillir cinq festivals différents. Deux de ces événements se spécialisent dans les arts de la scène et de la rue : le festival international d’Édimbourg et le Fringe. Si le premier rendez-vous fonctionne selon une programmation très sélective, le second s’adresse à tous les artistes désireux de venir se confronter à un public varié et international.

Parmi les cinq festivals qui animent la ville d’Édimbourg en été, The Edinburgh Fringe festival plus connu sous le nom de Fringe est celui qui se rapproche le plus du Off d’Avignon. Sa création remonte à 1947. Alors que huit compagnies avaient été refoulées du festival international d’Édimbourg, créé la même année, elles se sont organisées pour donner vie à leur performance à la marge (fringe) de l’événement officiel. Face au succès de la démarche, une société d’accompagnement des artistes s’est créée en 1958 pour coordonner l’événement.

Depuis, sa conception reste la même : un festival ouvert à toute compagnie qui désire s’y produire. Shona McCarthy, la directrice générale de cette société, définit d’ailleurs le Fringe comme une plate-forme. « La meilleure façon de décrire le festival serait de le comparer à YouTube : tous ceux qui s’enregistrent peuvent en faire partie. Nous n’opérons aucune sélection. » L’un des objectifs de la société consiste à aider les artistes à choisir un lieu pour leur performance en fonction de leur proposition et à prendre les bonnes décisions. « La seule condition pour participer, c’est justement de trouver un lieu où se produire », précise-t-elle. Le rôle de la société est aussi d’aider le public à naviguer à travers le programme en fonction de son intérêt et de promouvoir l’événement aussi bien à l’échelle locale et nationale qu’internationale.

Investissement à long terme

Si l’événement est ouvert à toutes les propositions, Shona McCarthy conseille cependant aux compagnies de se fixer des objectifs précis avant de se produire à Édimbourg. « Pourquoi voulez-vous venir au Fringe plutôt qu’à un autre festival ? C’est très important de le savoir. Certains veulent se confronter à un public qui n’a pas l’habitude de voir des spectacles, d’autres ont envie de se produire dans la rue. Les raisons peuvent être multiples, mais cela permettra de s’orienter vers la meilleure opportunité de salle ou de lieu et de ne pas avoir de mauvaises attentes de cette expérience. »

En effet, tous les artistes qui se produisent au Fringe ne gagnent pas forcément d’argent… et les lieux de performance, qu’il s’agisse aussi bien des théâtres que des lieux « pop-up » comme les cafés ou les restaurants, entendent bien faire du profit. « Certains endroits construisent un espace pour recevoir des artistes au mois d’août ; ils espèrent ainsi obtenir un retour sur investissement. Ils ne le font pas pour s’amuser… Il y a bien un business derrière. Il ne faut donc pas s’attendre à ce qu’on vous déroule le tapis rouge. Cela n’a rien à voir avec l’accueil offert aux compagnies invitées et sélectionnées par un programmateur. »

L’accord passé avec le lieu de performance peut prendre différentes formes : les recettes peuvent être partagées avec la compagnie, un pourcentage peut être pris sur le box-office, certaines compagnies payent le lieu et gardent les recettes, d’autres se rémunèrent auprès des spectateurs en faisant circuler un chapeau…

Plus de 300 lieux de performance

Mais outre les recettes engendrées (ou pas) lors de l’événement, le Fringe représente surtout une opportunité de se faire connaître auprès d’un public varié et de s’exposer à des programmateurs et des directeurs de théâtre du monde entier. Car ce n’est pas seulement un festival mais aussi un marché. « Dans ce genre d’événement, il y a toujours des ratés, mais de notre point de vue, c’est une expérience positive. Cela peut déboucher sur une tournée au Royaume-Uni comme partout ailleurs dans le monde. » Certaines personnalités se sont ainsi révélées lors du Fringe d’Édimbourg comme le comédien canadien Mike Myers (Austin Powers).

Cette année, soixante-trois pays devraient être représentés avec deux cent six spectacles venant d’Europe. Plus de trois cents lieux, qui diffèrent de ceux du festival international d’Édimbourg, participent à l’événement. « Aucun thème n’est donc imposé aux artistes, mais en général, le festival reflète les idées et thématiques qui sont dans l’air du temps. Cela permet de se mettre à jour sur ce qui se passe dans le monde !, observe Shona McCarthy. Le changement climatique revient souvent dans les spectacles, la question de la fluidité des genres aussi, de même que les problématiques d’immigration et de minorités. »

Chloé GOUDENHOOFT
Correspondante Grande-Bretagne

Shona McCarthy (crédits : JSR agency)Shona McCarthy (crédits : JSR agency)



 

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