30 mai 1927 : Ravel got the blues
Instant classique – 30 mai 1927… 92 ans jour pour jour. La dernière œuvre de chambre de Maurice Ravel lui a donné bien du mal. C’est en effet en 1922 qu’il pense à une nouvelle sonate pour violon et piano (il avait composé la première trente ans auparavant !) destinée — et dédiée — à la violoniste Hélène Jourdan-Morhange, son amie proche.
Il y pense mais n’arrive pas à la commencer. Il attend près d’un an pour le faire et ne l’achève qu’après plus de trois ans de travail. Hélène Jourdan-Morhange ne pourra cependant pas la créer en raisons de rhumatismes handicapants. C’est Georges Enesco — tout de même ! — avec Ravel au piano, qui créera l’œuvre à Paris il y a tout juste quatre-vingt-douze ans, salle Erard.
Pourquoi tant de temps ? Les sources divergent. Ravel disait lui-même qu’il lui fallait du temps pour « éliminer les notes inutiles » ; d’autres pensent qu’il n’avait simplement pas de véritable appétence pour une œuvre de cette nature.
Il n’empêche : Ravel finit par livrer une œuvre d’une grande originalité, profondément intimiste et dépouillée, avec, tout au long de la sonate, des réminiscences de jazz qui deviennent même un mouvement entier (le second), baptisé « Blues ». Il faut dire que Ravel aimait tout particulièrement ce style musical, prélude à sa grande tournée américaine l’année suivante.
Au final un chef-d’œuvre envoutant à écouter dans le plus parfait isolement, ici dans une splendide interprétation.
Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »
Photographie de Une – Maurice Ravel (crédits photo : Lipnitzki/Roger Viollet/Getty Images)