“Rosie Davis” : une œuvre abrupte et poignante à voir d’urgence (avant disparition des écrans)
Bien que sa bande annonce ait été largement diffusée, bien que son affiche soit placardée dans le métro parisien, Rosie Davis est très mal distribué. Raison de plus pour courir voir ce film bouleversant à la conclusion aussi abrupte que poignante.
Rosie Davis (Sarah Greene), son mari et leurs quatre enfants sont à la rue. Cette famille modeste était locataire d’un pavillon, dans la banlieue de Dublin. Leur propriétaire a décidé de le vendre. Mais Rosie et son mari n’avaient pas les moyens de l’acheter. En attendant de trouver un nouveau toit, ils en sont réduits à vivre dans leur voiture.
L’affiche du film, sa bande annonce donnent une impression de déjà-vu. Des histoires de femmes célibataires qui se battent courageusement pour sauver ce qui leur reste de dignité et offrir un meilleur avenir à leurs enfants, on en a déjà vu treize à la douzaine. La plupart ont été réalisées par Ken Loach dont Moi, Daniel Blake, Palme d’or en 2016, racontait à s’y méprendre la même histoire. Mais le cinéma français y a pris aussi sa part : Y aura-t-il de la neige à Noël ? en 1996 et, plus récemment, le bouleversant Louise Wimmer qui révéla Corinne Masiero.
Pour autant, en dépit de cet effet de répétition, Rosie Davis émeut profondément. Comme dans un film des frères Dardenne – qui avait filmé dans Rosetta une héroïne aussi résiliente – le tempo ne se relâche jamais. Pendant vingt-quatre heures, on suit pas à pas Rosie dont la détermination à protéger ses enfants et à leur trouver un toit se fracasse à mille et un obstacles dérisoires : un doudou perdu, un pyjama souillé, la benjamine malade, l’aînée qui disparaît….
Contrairement à ce que l’affiche pourrait laisser croire, Rosie n’est pas célibataire – à la différence des héroïnes des films précités. Elle a un partenaire qui travaille et qui l’épaule. Cette situation matrimoniale rend peut-être sa situation encore plus touchante : elle fait partie de la classe moyenne inférieure, de ces working poors qui, sans tares particulières, peuvent sombrer dans la pauvreté sur un coup du sort.
Rosie Davis est d’une étonnante brièveté. Sans qu’on s’y attende, il s’interrompt là où on escomptait qu’il se prolonge une bonne demi-heure supplémentaire. Sa conclusion est aussi abrupte que poignante. Elle laisse une trace qui ne s’efface pas.
Bien que sa bande annonce ait été largement diffusée, bien que son affiche soit placardée dans le métro parisien, Rosie Davis est très mal distribué. Pour sa première semaine, il n’était à l’affiche que de deux cinémas dans Paris intra muros et d’une quarantaine dans toute la France. Raison de plus pour courir le voir.
Paddy Breathnach, Rosie Davis, Irlande, 2018, 86mn
Sortie : 13 mars 2019
Genre : drame
Classification : tous publics
Avec Sarah Greene, Moe Dunford, Natalia Kostrzewa, Lochlann O’Mearain
Scénario : Roddy Doyle
Musique : Stephen Rennicks
Distribution : KMBO
En savoir plus sur le film avec CCSF : Rosie Davis
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