“Arabofolies” : l’Institut du monde arabe organise une « Résistance » plurielle
L’Institut du monde arabe crée un nouveau festival trimestriel, intitulé “Arabofolies”, à la fois centré sur la musique et ouvert à l’interdisciplinarité. L’enjeu est de faire vivre, pendant une dizaine de jours et autour d’un fil thématique, « les liens existants entre les diverses disciplines et la cohésion qui en découle ». Première édition du 1er au 10 mars, sur le thème « Résistances », en lien avec la Journée internationale des droits des femmes.
Entretien avec Dorothée Engel, en charge – avec Rabah Mezouane – du spectacle vivant au sein de la direction des actions culturelles.
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L’Institut du monde arabe est riche de nombreux événements, dans toutes les disciplines. Qu’est-ce qui vous a décidés à créer un nouveau festival, Arabofolies ?
Nous avons un héritage de programmation musicale : nous organisions à l’origine des concerts tous les vendredis et samedis, en dehors des vacances scolaires, avant que cela ne devienne une thématique mensuelle sur trois jours. En septembre dernier, nous avons organisé un hommage à Mahmoud Darwich, pour les dix ans de sa mort [le 9 août 2008, NDLR], en croisant différents arts : musique, théâtre, arts plastiques, poésie… Le public a répondu présent, certes en raison de l’amour qu’il porte à Mahmoud Darwich, mais également parce que la présentation était très vivante. C’est ce qui nous a donné envie de renouveler l’expérience d’une programmation resserrée et tissant des liens entre plusieurs disciplines.
Si le cœur du festival est musical, vous programmez également deux rencontres littéraires, une séance de cinéma et un débat sur le Maghreb dans le cadre des Jeudis de l’IMA. En quoi cette pluralité disciplinaire vous paraît-elle essentielle ?
Disons les choses comme elles sont : la programmation se construit essentiellement autour de la musique. Nous profitons du thème pour inviter à découvrir d’autres formes d’art que les seuls concerts : des rencontres sur l’actualité littéraire, avec des auteurs arabes traduits en français, la projection cinématographique d’À peine j’ouvre les yeux de la réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid, un “Jeudi de l’IMA”, événement déjà bien installé dans notre programmation annuelle… Autant d’événements auxquels s’ajoute un tout nouveau rendez-vous, mis en place pour les Arabofolies, “les forums des sociétés civiles de l’Institut du monde arabe”. Ces forums vont ainsi avoir lieu trois fois par an, en même temps que les Arabofolies. Le premier, qui rassemblera neuf intervenantes le 8 mars prochain, porte sur la situation des femmes dans ce monde arabe. Enfin, nous avons invité l’Atelier des artistes en exil, dirigé par Judith Depaule, afin que naisse à l’Institut du monde arabe une synergie vivante.
Arabofolies se veut un événement déroulant « un fil thématique commun », en faisant « vivre les liens existants entre les diverses disciplines et la cohésion qui en découle ». Pourquoi avoir choisi le thème « Résistances », en lien avec la Journée internationale des droits des femmes, pour cette première édition ?
Nous sommes d’abord partis de la Journée internationale des femmes pour bâtir notre programmation : nous avons écouté des artistes et sélectionné ceux dont nous aimions les musiques. Nous avons peu à peu pris conscience que cette thématique de la femme allait de pair avec la notion de résistance : on parle tellement peu des femmes en général, et des femmes arabes encore moins ! La musique est un excellent biais : toutes les musiques racontent une résistance, même sous une forme poétique ou d’amour. C’est toujours une histoire de rapport de force, de dépendance, de liberté. Il ne s’agit pas d’une résistance à la manière des Gilets Jaunes, mais d’une résistance propre à l’art – rester là, être présent, attirer en douceur l’attention sur soi…
Une douzaine d’événements sont organisés cette semaine : y a-t-il un temps fort qu’il vous semblerait important de mettre en exergue pour notre lectorat constitué notamment d’artistes professionnels ?
Mmmm… Ça c’est la question terrible de Salomon ! Je dirais Aynur Doğan, pour son professionnalisme et son excellence musicale si particulière, car elle n’est pas exactement du monde arabe, mais Kurde. Et puis Judith Depaule avec l’Atelier des artistes en exil, le lendemain. Je recommande vraiment ces deux derniers jours, les samedi 9 et dimanche 10 mars. C’est ce qui me paraît le plus intéressant pour le lectorat de Profession Spectacle, à moi qui suis également proche de ce monde professionnel.
Propos recueillis par Pierre GELIN-MONASTIER
En savoir plus : Actualités de l’IMA
Photographie de Une – Al Akhareen avec Naïssam Jalal et Osloob (crédits : Emanuel Rojas)
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