Garde d’enfants : bientôt des crèches sur les tournages britanniques ?

Garde d’enfants : bientôt des crèches sur les tournages britanniques ?
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La parentalité est un vrai défi pour les professionnels du cinéma. En évoquant la possibilité d’un système de garde sur les lieux de tournages, l’actrice britannique Carey Mulligan a donné une voix à des revendications qui existent déjà au Royaume-Uni. Mais il ne s’agit là que d’une option parmi d’autres.

Et si l’on organisait des crèches sur les plateaux de tournage ? Fin octobre, l’actrice britannique Carey Mulligan a lancé cette idée au micro de Radio Times. Selon elle, beaucoup trop de femmes talentueuses sont privées d’opportunités professionnelles dans le secteur à cause de la difficulté à jongler entre carrière et parentalité.

Cette problématique est l’un des sujets de prédilection de Raising Films, un organisme britannique créé en 2015 et qui a mené une enquête sur le sujet. « Au niveau stagiaire, l’accès à la profession est le même pour les hommes et les femmes, explique l’une des fondatrices, Nicky Bentham, productrice au sein de la compagnie Neon Films. La même chose est observée en ce qui concerne l’accès aux premiers jobs. Mais ensuite, quand il s’agit de progresser et d’évoluer, au bout de dix ans, les femmes disparaissent. » Pour une majorité des personnes interrogées, la parentalité est l’une des causes qui freinent les carrières. « Parmi les raisons avancées, il y a le coût de la garde d’enfants, les longs horaires de travail, les semaines de six jours, le côté imprévisible des plannings… »

Sur-mesure

Organiser un système de garde qui suivrait les équipes sur les différents lieux de tournage, serait-ce vraiment la solution ? « À la création de Raising Films, nous avons été contactées par des personnes travaillant à un prototype de bus pour la garde d’enfant. Il serait mis à disposition sur le tournage par la production comme d’autres camions d’équipements. » Le prototype prend du temps à être mis en place car il faut obtenir des autorisations, convaincre les studios, les boîtes de productions, réussir à prouver les avantages… « Le fait que des personnalités comme Carey Mulligan relaient ce genre d’idée va aider à les concrétiser, mais ce n’est qu’une des options envisageables. »

Pour Zeb Achonu, monteuse, mère de trois enfants et membre du conseil d’administration de Women in Film and TV (WFTV), ce type de solution n’est pas l’idéal pour tout le monde. « Certains ont réagi à cette déclaration disant qu’ils seraient perturbés s’ils avaient leurs enfants sur le plateau. Pour ma part, je travaille aussi de chez moi. Ce qu’il faudrait surtout, c’est plus de flexibilité et un meilleur accès. » Au Royaume-Uni, et surtout à Londres, la garde d’enfants est une problématique pour tout le monde. L’État offre néanmoins à tout parent d’enfants de plus de trois ans, trente heures gratuites de système de garde. Mais pour la monteuse, cela ne répond pas à la réalité de la profession. Il existe encore un système de bons avec réduction d’impôts, mais ils sont destinés aux employés d’entreprises et les indépendants n’y ont souvent pas accès. Pour vraiment bien faire, il faudrait du sur-mesure…

Jobsharing

Zeb Anochu estime par exemple qu’il faudrait déjà faire plus confiance aux professionnels en ce qui concerne le travail la maison. « Un client m’a laissé cette opportunité et tout s’est bien passé. Je sais quand mes enfants dorment et je peux compenser le soir. Mais pour cela, il faut que les employeurs nous fassent confiance. Souvent, les gens s’imaginent que vous n’êtes pas capable d’organiser votre emploi du temps quand vous avez des enfants. » Nicky Bentham estime aussi qu’une plus grande ouverture d’esprit sur le sujet serait un bon début. « Il faudrait déjà considérer les professionnels du cinéma comme des personnes à part entière, qui ont une vie à côté et non comme étant disponibles vingt-quatre heures sur vingt-quatre. » Et ce, qu’ils aient des enfants ou non.  

Raising Films avance aussi l’idée du « jobsharing » ou partage d’emploi, dont on parle déjà ici dans le milieu. Il faudrait aussi mieux informer les employeurs comme les professionnels de leurs droits. Par exemple, les femmes qui tirent leur lait ont droit à des heures et à un espace décent pour le faire.

Enfin, en matière de solutions concrètes, Raising Films a déjà innové. « En partenariat avec la Film and Television Charity, nous avons créé un fonds qui offre un soutien financier aux personnes après un congé parentalité. Il s’agit d’une aide à court terme pour financer la garde d’enfants en attendant que la personne concernée décroche un nouveau contrat. Nous sommes aussi en train de développer une sorte de logo à inscrire à la fin d’un film pour récompenser les productions qui font des efforts pour aider les parents à rester dans la profession. »

Chloé GOUDENHOOFT

Correspondante Grande-Bretagne



 

 

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