18 septembre 1828 : la « berceuse de la douleur » de Schubert
Instant classique – 18 septembre 1828… 192 années jour pour jour. Alors que Franz Schubert – âgé de seulement 31 ans – est à deux mois de sa mort, il crée une sonate magnifique, qui commence par une romance poignante, se poursuit dans une violente résistance avant de s’achever avec résignation. Un témoignage bouleversant.
Franz Schubert n’a plus que moins de deux mois à vivre. La syphilis le dévore et lui a déjà montré les affres de la folie, les mêmes qui noieront après lui Gaetano Donizetti. Dans l’étrange calme qui naît de cette perdition d’une terrible noirceur, Schubert sait sa fin prochaine. Il a trente-et-un ans.
Alors, rassemblant ses dernières forces, il compose, fiévreusement. En deux mois, trois sonates pour piano, parmi les plus belles de l’histoire de la musique, quelques brèves œuvres religieuses, un projet d’opéra « le comte de Gleichen », un quintette avec deux violoncelles. Il semble que son dernier travail interrompu ait concerné de simples exercices pour élève-musicien, qu’il refaisait sans cesse, lui, l’un des plus grands compositeurs de l’histoire de la musique.
L’andantino de la seconde des trois sonates de cette période est à lui seul un témoignage bouleversant. Cette romance initiale calme, presque triste, à la mélodie poignante et irrésistible, donne soudain lieu à une forme de violente résistance, comme s’il se débattait au milieu d’un bal de spectres. Avant de revenir au thème initial, résigné.
Pourtant la sonate est la plus gaie des trois, car les autres mouvements sont joyeux, pleins de vie. Mais comme s’il ouvrait une porte sur le néant, Franz Schubert, en quelques minutes, nous désigne l’abîme de la mort qui l’attend. C’est la « berceuse de la douleur », comme l’appelait Johannes Brahms.