« Les Yeux de Taqqi » : en affrontant la banquise, l’enfant se construit
Taqqi, un jeune enfant inuit qui vit avec sa sœur auprès d’une acariâtre grand-mère, doit, pour être un homme, tuer un ours polaire. Avec son chien, il part donc pour cette épreuve initiatique. Mais l’ours blanc n’est pas l’ennemi qu’on lui a décrit…
[Jeune public]
La compagnie Paname Pilotis, à l’aide du texte à la fois sobre et profond de Frédéric Chevaux à partir d’une légende inuit, propose un travail subtil et très émouvant, à la manière d’un conte onirique où priorité est donnée aux sensations et au rêve.
La scénographie de Sandrine Lamblin par exemple ne cherche pas le réalisme et propose une symbolique délicate. Un iceberg imposant sert de support pour des ombres chinoises ou de la projection. C’est toujours fin et évocateur, sans aucune faute de goût.
Un spectacle qui prend son temps
À la différence de nombreux spectacles Jeune Public, ici on ne caracole pas mais on prend vraiment le temps de poser les choses. Chaque pas est important. Chaque souffle du vent également. Les marionnettes de Francesca Testi sont à la fois expressives et poétiques.
Attentives et en osmose parfaite, les trois manipulatrices impressionnent : Anaël Guez, Camille Bloquet (ou Nadja Maire) et Sarah Vermande accompagnent les personnages telles des fées bienveillantes avec une minutie et une concentration extrêmes, épousant de leurs voix et leurs attitudes les marionnettes qu’elles défendent.
Elles parviennent également à faire vivre un sac de toile ou une feuille de papier dans l’amour des gestes qu’elles prodiguent tout au long de ce récit fantasmagorique. La mise en scène alerte de Cédric Revollon est d’une efficacité parfaite. Le miroitement de la lumière sur une bâche en plastique figure par exemple une mer déchaînée. Tout est simple et infiniment parlant.
L’enfant confronté à ses choix
Le spectateur avance pas à pas avec le jeune aveugle et, comme lui, ressent le froid, le vent ou même la peur. Taqqi, qui veut « voir, savoir et pouvoir », se trouvera face à des épreuves initiatiques proposées, entre autres, par un grand oiseau qui lui demandera de pêcher un poisson. Alors que Taqqi allait se noyer, le poisson pourtant lui sauvera la vie. Il refusera donc de le donner au grand oiseau et s’attirera ses foudres. Mais cette expérience l’aura confronté à ses propres décisions.
Les yeux de Taqqi met l’enfant face à ses choix et lui offre une vision sensible, pleine de sagesse et d’humanité, que Cédric Revollon met en scène avec grâce et précision à l’aide des trois magnifiques interprètes et leurs marionnettes, pour marquer indéniablement les petits spectateurs de ces images sublimes et de toute l’émotion de ce conte bouleversant.
Captation et Montage vidéo Benjamin Goubault
SPECTACLE : LES YEUX DE TAQQI
- Création : 2016
- Durée : 45 mn
- Public : à partir de 4 ans
- Auteur/Adaptateur : Frédéric Chevaux
- Mise en scène : Cédric Revollon
- Interprétation/Manipulation : Anaël Guez, Camille Blouet (ou Nadja Maire) et Sarah Vermande
- Lumières : Angélique Bourcet
- Marionnettes : Francesca Testi
- Illustrations : Fanny Michaëlis
- Scénographie : Sandrine Lamblin
- Compagnie : Paname Pilotis
- Diffusion :+33 6 48 07 88 00 et Derviche Diffusion (Juliette Buffard Scalabre)
Crédits de toutes les photographies : Alejandro Guerrero
En téléchargement
OÙ VOIR LE SPECTACLE ?
– 16 octobre 2018 : Cernay
– 19 et 20 octobre 2018 : Festival Amène tes Parents au Théâtre, à Crolle
– 22 octobre 2018 : Fourques
– 13 novembre 2018 à 14h30 et 20h : Théâtre Roger Barat – Herblay
– 25 novembre 2018 : Festival Ainsi Font – Neufchâteau
– 10 au 16 décembre 2018 : CC de Val de Briard
– 18 et 19 décembre 2018 : Lagny-sur-Marne
– 21 décembre 2018 : Le Plessis-Trévise
– 10 février 2019 à 16h : Melun
– 22 au 23 Mars 2019 : Scène 55 Mougins
– Avril 2019 : Festival KOMIDI – La Réunion
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