Six questions sur le « Pass culture », cette aide de 500€ de l’État destinée aux jeunes
Nous en parlons depuis plusieurs mois ; nous y sommes. Présenté comme un projet « phare » du quinquennat en terme de culture, le « Pass culture » est une aide d’un montant de 500 euros qui sera délivrée aux jeunes dès ce mois-ci dans cinq territoires. On vous (re-)dit tout sur cette mesure.
Un Pass pour quoi ?
Sur le papier, son objectif principal est de rendre la culture accessible aux jeunes de tous les milieux sociaux et de toutes régions. Ce pass culture doit aussi permettre à bon nombre d’offres de trouver un nouveau public. Il doit également devenir un moyen de découverte et d’échange, notamment avec la possibilité pour le jeune de faire des formations ou des stages.
Un Pass pour qui ?
Aux jeunes Français de 18 ans. Il a pour but de permettre aux nouvelles générations d’accéder aux arts, peu importe leurs origines sociales, leurs revenus ou leurs lieux de résidence.
La phase de test va être lancée en septembre auprès de 10 000 jeunes de cinq territoires : le Bas-Rhin, la Seine-Saint-Denis, l’Hérault, la Guyane et le Finistère.
Comment ça marche ?
Il prendra la forme d’une application mobile gratuite qui recense des propositions culturelles autour de soi. À ses 18 ans, le compte de l’utilisateur sera crédité de 500 euros. Concrètement, l’utilisateur verra apparaître sur l’écran « une image intrigante pour susciter le désir », un tarif et une distance, détaille Le Monde, qui a assisté à une démonstration.
Et que peut-on faire avec ?
A priori, beaucoup de choses. « Aucune offre ne sera exclue, a insisté Françoise Nyssen. Tous les acteurs culturels publics ou privés, physiques ou numériques, sont les bienvenus sur le Pass. » Les jeunes devraient ainsi avoir la possibilité de trouver des propositions de places de concert, de théâtre, de musée, mais aussi des cours de danse ou d’expression artistique, ainsi que des billets pour du tourisme culturel. Ils auront également la possibilité de s’abonner à la presse numérique.
Mais pas question de financer les géants du web. L’algorithme géolocalisé du Pass mettra en avant des offres du secteur public et celles « des petits acteurs indépendants », précise le ministère, comme les librairies ou les associations. De même, des plafonds doivent être fixés sur certaines dépenses, pour ne pas que les 500 euros filent en abonnements Netflix, Amazon Prime vidéo ou encore Deezer.
Combien ça coûte ?
Le budget est estimé à près de 500 millions d’euros par an. Il sera financé à 20 % par l’État et à 80 % par le secteur privé, par notamment « des rabais ou des gratuités des partenaires culturels » et un partenariat, en cours d’élaboration, avec des banques.
Et ça marche ?
Ça se discute. Ce Pass est directement inspiré de celui mis en place en 2016 par le Premier ministre italien, Matteo Renzi. En réaction aux attentats de Paris, il souhaite alors encourager les jeunes vers la culture et met en place un bonus de 500 euros là aussi. Mais les résultats sont en demi-teinte.
Seuls 60 % des jeunes concernés se sont inscrits et les abus constatés ont été nombreux rapporte La Croix. L’argent a surtout servi à acheter des livres scolaires et non aux loisirs. Et un marché noir s’est développé en parallèle. Des commerçants ont notamment encaissé l’argent pour des achats de tablettes numériques, tout en facturant des livres.
Jack Lang est sceptique. Sur France Inter, l’ancien ministre de la culture a expliqué redouter que ce dispositif favorise d’abord le consumérisme. En Italie, « ça a profité surtout à la fréquentation de spectacles de pur divertissement […] et pas nécessairement à l’élévation culturelle de la jeunesse. Ça n’a pas beaucoup encouragé la fréquentation ni des théâtres ni des musées ni des monuments, a-t-il estimé. C’est à partir de la création que doit s’établir une politique des arts. Qu’on fasse confiance aux institutions : quand vous voyez les opéras s’ouvrir aux jeunes, certains musées devenir de véritables écoles… qu’on les encourage à ouvrir largement les portes, au lieu de favoriser une sorte de mentalité consumériste ».
Et Jack Lang de suggérer une autre voie pour conclure : « Je pense aussi qu’il est préférable d’organiser une entrée en masse de l’art à l’école ! »