La place et la représentation des femmes fait polémique à la Mostra de Venise
Une lettre ouverte critique la programmation du festival international du film de Venise. Les associations signataires dénoncent le manque de films réalisés par des femmes et s’en prennent aux déclarations d’Alberto Barbera, le directeur artistique de la Mostra.
[Écho de la presse]
«Venise, ce film, c’est du déjà-vu.» L’agacement est palpable dans la lettre adressée rédigée le 10 août par des associations promouvant les femmes dans l’audiovisuel. Elle est adressée à la Mostra de Venise. Créé en 1932, le plus vieux festival international de film se déroulera cette année du 29 août au 8 septembre. Pour sa 75e édition, le jury est présidé par Guillermo del Toro. Dans un communiqué cinglant, les associations pointent du doigt la programmation et les propos du directeur Alberto Barbera quant au manque de réalisatrices dans la compétition.
La lettre ouverte est signée par plusieurs associations féministes à l’échelle européenne: European Women’s Audiovisual Network, Women in Film & TV International, WIFT Nordic, WITF Sweden et Swiss Women’s Audiovisual Network.
Le courrier réagit à la sélection officielle et aux récentes déclarations de Alberto Barbera, directeur artistique de la manifestation. En juillet, lors d’une conférence de presse, il expliquait effectuer ses choix en se fiant «à la qualité du film et pas au sexe du réalisateur». Son message est clair «si on impose des quotas, je démissionne». Selon ses propres chiffres, cette année, 21% des films soumis au processus de sélection sont réalisés par des femmes. Au final, un seul est retenu pour faire partie de la sélection officielle. Il s’agit de The Nightingale, réalisé par Jennifer Kent. L’année dernière aussi, sur 21 films en compétition, un seul, Les Anges portent du blanc de Vivian Qu, était l’œuvre d’une réalisatrice. Et ce constat est récurrent: depuis 2010, l’édition qui comptait le plus de films sélectionnés réalisés par des femmes en comprenait quatre, toujours parmi une vingtaine de longs-métrages au total.
Les associations signataires s’opposent aux propos du directeur artistique et à sa vision d’un festival de films. Plus largement, elles dénoncent le monde de l’audiovisuel et son fonctionnement, notamment la façon dont le regard masculin continue de façonner le secteur audiovisuel. Toutes les décisions seraient prises sous un prisme masculin. La lettre évoque alors les écrits de Dan Schoenbrun, ancien programmateur. «Tous les films sélectionnés sont le reflet d’opinions subjectives et des goûts de ceux qui les choisissent, expliquait-il. Ces festivals ont indiqué leurs priorités et leurs valeurs. Et depuis qu’ils existent, ils ont valorisé et fait de leur priorité les films faits par les hommes.»
Les signataires s’accordent cependant avec Alberto Barbera sur un point: oui , il existe un dysfonctionnement en amont, dès la formation des futurs travailleurs du secteur.
Lire l’article complet de Sarah-Lou Bakouche sur le site du journal le Figaro.
Ecole des Gobelins © Alexis Leclercq