Les Vieilles Charrues, un « géant aux pieds d’argile »
Solidement ancré en Centre-Bretagne depuis 27 ans, les Vieilles Charrues, premier festival de France, n’en est pas moins un « géant aux pieds d’argile » face à un risque financier croissant et à l’appétit de groupes industriels pour le secteur.
Avec 280.000 entrées l’an dernier, un budget d’environ 17 millions d’euros et Depeche Mode, dont le cachet avoisine le million d’euros, en tête d’affiche, les Vieilles Charrues semblent à l’abri des déboires financiers.
Association à but non lucratif, tirant 80% de ses recettes du public et 20% de partenaires et mécènes, le festival est épaulé par quelque 6.700 bénévoles et ne reçoit quasiment aucune subvention publique. Comme d’autres festivals organisés par des associations, il doit pourtant vendre impérativement « 90 à 95% des billets pour arriver à l’équilibre », explique Jérôme Tréhorel, son directeur, qualifiant le festival de « géant aux pieds d’argile ».
« Le taux de remplissage à partir duquel un festival ne perd plus d’argent est passé de 70-75% (il y a 10 ans, NDLR) à plus de 90%, ce qui augmente le risque financier », constate le politologue Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS.
En dix ans, le budget du festival consacré aux artistes, qui tirent désormais leurs revenus du « live » (tournées et festivals), est passé d’1,7 million d’euros à 4,5 millions. En deux ans, les frais de sécurité et des secours ont par ailleurs bondi de 300.000 euros, et de 350.000 euros pour les décors.
Parallèlement, la concurrence entre festivals s’est encore accrue en Europe pour attirer les têtes d’affiche. « Les Portugais ou les Polonais ont des moyens qui peuvent être le double des nôtres », observe Jean-Jacques Toux, programmateur des Vieilles Charrues.
[avec AFP]