Jean-Pierre Han lance un courageux Salon de la revue de théâtre
Critique dramatique et rédacteur en chef des Lettres Françaises, directeur de la publication et rédacteur en chef de Frictions, Jean-Pierre Han a rejoint depuis peu les chroniqueurs de Profession Spectacle avec son « VAGABONDAGE THÉÂTRAL » mensuel. Il est l’instigateur d’une nouvelle initiative liée au théâtre, et plus spécifiquement à la recherche théâtrale : les 2 et 3 juin aura lieu, à La Générale*, le (premier ?) Salon de la revue de théâtre.
Entretien avec Jean-Pierre Han.
Comment est née l’idée d’un salon de la revue de théâtre ?
Il y avait autrefois au Salon du livre de Paris qui se tenait encore au Grand Palais, tout un étage consacré au théâtre… depuis, dans ce même salon qui a déménagé, l’édition de théâtre n’existe quasiment plus.
Il y a eu pendant deux-trois ans à Paris, place Saint-Sulpice, un Salon du théâtre qui rassemblait toute la gent théâtrale (éditeurs, revues, institutions, etc.) pendant un week-end. Pas assez populiste : les édiles politiques de l’arrondissement ont tout fait pour que la manifestation s’arrête.
Au Salon de la revue qu’organise « Ent’revue » (saluons sa cheville ouvrière, André Chabin), les rares tables consacrées au théâtre sont noyées dans la masse ce qui reflète l’état du théâtre dans notre société.
C’est très modestement dans le prolongement de ces manifestations que Frictions a voulu rassembler lecteurs et simples amateurs de théâtre pour un week end festif autour des revues de théâtre. Un prétexte pour faire la fête dans un lieu « intermédiaire », La Générale, qui a bien voulu nous accueillir et rappeler notre existence.
Comment avez-vous conclu le programme et qu’attendez-vous d’un tel événement ? Est-ce destiné à un public de professionnels ou attendez-vous un public plus large ?
Tous les participants sont des amis de la revue, et ont parfaitement compris sa démarche. Nous espérons simplement, au-delà de l’idée de partage, agrandir le cercle des connaisseurs ! D’où ma réponse à votre seconde question : il n’y a pas des professionnels et des amateurs ; il y a des gens qui aiment le théâtre et sont conscients de son importance dans notre vie sociale.
Quel est précisément le sens de la « démarche » que vous énoncez ?
Il s’agit de manifester notre existence, celle du théâtre, de ses pensées tous azimuts et dans tous les sens (même contradictoires). Nous sommes peut-être les derniers des Mohicans, alors ne ratons aucune occasion pour faire acte de vie !
Quelle suite espérez-vous à cet événement ?
Nous avons conçu ce Salon de la revue de théâtre comme un événement unique. Or depuis son annonce, quelques personnes commencent à nous demander si cette manifestation sera régulièrement organisée, année après année ! Nous verrons…
Propos recueillis par Pierre GELIN-MONASTIER
En téléchargement : programme complet du Salon de la revue de théâtre.
* La Générale – 14, avenue Parmentier – 75011 Paris (métro Voltaire).
« Ni journal, ni magazine, Frictions se situe délibérément dans la mouvance des revues de réflexion. Elle entend réinstaurer le débat depuis si longtemps disparu dans le monde du théâtre, sans craindre la polémique, mais sans la rechercher artificiellement. frictions entend réinterroger les véritables enjeux de l’activité théâtrale, et donc être le lieu d’émergence d’une authentique pensée critique qui passe bien évidemment par une écriture digne de ce nom. La fonction de l’Art est de prendre parti ; Frictions prendra parti pour une certaine idée du théâtre. Car il n’est pas vrai que tout équivaut à tout, c’est-à-dire, en fin de compte à rien. Refusant de confiner l’art dramatique dans le lieu qui lui est traditionnellement dévolu et dans lequel il meurt étouffé, frictions fait appel aux signatures venues d’horizons divers. »
Photographie de Une – Jean-Pierre Han au théâtre d’Hérouville, le 15 décembre 2010
(crédits : Tristan Jeanne-Valès)
