Le festival Banlieues Bleues, du jazz et du sans-frontières
« L’identité de la musique, c’est la créativité tous azimuts et sans frontière », estime Xavier Lemettre, directeur de Banlieues Bleues dont la 35e édition se tient jusqu’au 13 avril dans seize villes au nord de Paris.
Le festival, qui ne cesse d’explorer des territoires bien au-delà du jazz, va tenter de refléter dans une quarantaine de concerts ce foisonnement de musiques qui se trament à Pantin ou Montreuil, mais aussi à Bogota, Kinshasa, Addis Abeba, Sao Paulo…
« Ce que je trouve assez fascinant aujourd’hui, c’est cette profusion de nouvelles choses qui arrivent, qui ne ressemblent à rien d’autre et qui sont surprenantes. C’est la musique qui avance, qui évolue. » (Xavier Lemettre)
L’octogénaire Abdullah Ibrahim, un parfait exemple de ce métissage, a donné le coup d’envoi du festival avec son septette entre swing et mélodies sud-africaines cuivrées. Ces musiques aux identités multiples vont du groupe franco-congolais Tshegue où s’entrechoquent rythmes afros, rock garage et transe électro, à Kobo Town, une formation calypso-funk-rock emmenée par Drew Gonsalves, un Trinidadien émigré à Toronto.
Du jazz à la créolisation
A la barre du vaisseau Banlieues Bleues depuis 2001, Xavier Lemettre lui a fait prendre un nouveau cap. En programmant moins de jazz, qui demeure tout de même l’une des missions d’un événement sous-titré « Jazz en Seine-Saint-Denis », et plus d’autres musiques, aussi inclassables les unes que les autres.
« C’est sûr, il n’y a pas que du jazz, qui est devenu trop restrictif. Dans Banlieues Bleues, il y a l’histoire et l’actualité du jazz au sens large, sans frontière stylistique ou géographique, mais il y a aussi évidemment le brassage musical. La créolisation au sens (de l’écrivain antillais) Édouard Glissant, ce sont des identités qui se rencontrent sur un territoire, une île ou une ville, se mélangent et créent quelque chose qui était totalement imprévisible, sans perdre l’identité des origines. » (Xavier Lemettre)
Xavier Lemettre va à leur découverte. Il a ainsi déniché en Colombie un musicien culte, Abelardo Carbono, ex-flic retraité jouant de la guitare psychédélique à Barranquilla, qui se produira pour la première fois en France. Tout comme susciter des rencontres via une politique de créations : « la moitié des 36 concerts proposés sont des créations ou des inédits », fait-il remarquer.
Pour permettre aux musiciens de réaliser leurs nouveaux projets dans de bonnes conditions, Banlieues Bleues s’est doté en 2006 d’un outil, la Dynamo : un complexe où peuvent venir répéter des artistes en résidence, comme Jacob Desvarieux qui, loin du zouk formaté de Kassav, y a travaillé sur une création autour du blues qu’il présentera au festival.