Profession DJ : une école d’excellence s’ouvre à Port-Barcarès
Port Bacarès, lieu du plus grand festival de musiques électroniques en France, accueille désormais une nouvelle école pour former les DJ de demain : culture musicale, techniques et programmation sont au cœur de cette formation de pointe gérée par l’UCPA.
L’UCPA qui est l’une des plus anciennes associations françaises, a créé l’unique formation au métier de l’animation musicale et scénique en France. Comme une prémisse au phénomène de démocratisation des cultures électroniques observé ces vingt dernières années, son premier centre de formation historique s’ouvrait à Lyon en 2001.
La seconde école est implantée près du Futuroscope depuis 2014, et une troisième ouvre en septembre, à Port-Barcarès, commune des Pyrénées-Orientales, où a lieu chaque année en juillet l’Electrobeach, le plus grand festival de musiques électroniques en France. À la croisée des musiques électroniques, de l’événementiel et des loisirs, en quoi la création d’un diplôme d’État pour devenir disc-jockey a-t-il permis de dynamiser cette filière artistique et professionnelle, contribuant en partie à revaloriser le monde de la nuit ?
Un projet des années 2000
« Il y avait, au Conseil régional Rhône-Alpes de l’époque, une personne chargée de la formation professionnelle, Monsieur Claude Faucher, qui travaillait avec l’UCPA depuis longtemps dans le domaine du ski et des activités de plein air, raconte Pascal Tassy, directeur des trois sites de formation, qui avait pris en charge le dossier à l’époque. Sa mission concernait l’ensemble des filières professionnelles de la région et également les métiers en devenir. Comme il avait, à titre personnel, l’expérience des festivals de musiques électroniques, il s’est demandé si derrière ces deux lettres “D” et “J”, il y avait un métier. »
« L’association étant par essence axée sur le sport de plein air, il est apparu qu’il fallait, en parallèle, renouveler l’offre des soirées proposées à l’époque, poursuit-il. Nous avons donc créé cette formation pour répondre à ce souhait de renouvellement et à un besoin grandissant de la profession pour le monde de la nuit et de l’événementiel. »
Un modèle associatif
Si mixer semblait être auparavant le seul apanage d’autodidactes oiseaux de nuit, c’est par le biais de l’alternance que cet apprentissage du métier de l’animation musicale et scénique est devenu possible, champ plus vaste que celui de DJ : 1 500 élèves ont déjà pu être formés.
« Je voulais vraiment qu’on soit dans une logique d’alternance, il fallait que les jeunes soient en prise directe avec la profession dès le départ. » Le diplôme d’État est enregistré au répertoire national des certifications, le RNCP, géré par France compétences. « Il s’agit d’un nouvel organisme créé par le gouvernement, en droite ligne avec le ministère du Travail, qui ne dépend pas du ministère de l’Éducation Nationale. »
La différence avec un cursus privé est la prise en charge de cette formation de dix-huit mois et la rémunération des apprentis. « Il s’agit d’un modèle associatif : une somme est attribuée par l’État, pour chaque jeune, au centre de formation, explique Pascal Tassy. Cela permet de former à différentes compétences et de bénéficier du matériel adapté. Ce n’est pas une démarche mercantile. Nos budgets sont contraints et il faut vraiment avoir de beaux partenaires à nos côtés. »
« La tête dans les étoiles, les pieds bien ancrés »
Le triple champion du monde DJ Fly et Damien N-Drix, tous deux anciens alternants, sont venus en juin dernier à l’occasion de la fête de l’école qui avait lieu au Azar, à Lyon. Si la notoriété des grands DJ fait naître des vocations parmi les jeunes, Pascal Tassy rappelle que leur rôle est avant tout de transmettre des compétences. « Je souhaite qu’ils gardent la tête dans les étoiles, mais il faut que les deux pieds soient bien ancrés dans la réalité. »
Comme le remarque, lors d’un entretien pour Profession Culture, Tony Bouilly, qui fut réalisateur pour la chaîne Clubbing TV, en vingt ans, le métier s’est considérablement diversifié. Un DJ ne se limite pas à diffuser des morceaux, il propose une prestation scénique mêlant son, lumière et performance visuelle. L’école forme donc à ces compétences transversales, autour de trois composantes : la culture musicale, les techniques appropriées aux machines ou instruments de musiques électroniques, y compris ceux qui ne sont plus utilisés, et la programmation.
« Nous traitons la lumière et la vidéo grâce à des installations, à un parc lumière et à des cabines insonorisées équipées de matériel professionnel pour le son, détaille Pascal Tassy. Il faut pouvoir mettre les morceaux dans le bon ordre, faire danser ou encore, savoir diffuser la musique, que ce soit en discothèque, à l’occasion d’un événement ou en festival. On les forme également sur la capacité à pouvoir créer des morceaux et être en mesure de les vendre. »
Une troisième école à Port Barcarès
Si ces centres de formation ne sont pas en lien avec les réseaux professionnels régionaux de musiques actuelles, tels que le RIM en Nouvelle-Aquitaine ou Grand Bureau en Auvergne-Rhône-Alpes, c’est parce que la clef de voûte de leur activité est l’apprentissage. « On est avant tout au service de la profession qui est très vaste, en lien avec le CHRD qui englobe les cafés, hôtels, restaurants, discothèques et tout le secteur de l’événementiel et du loisir. »
La SACEM est un de leurs partenaires majeurs. « Cette institution intervient dans le cursus une fois par an, pour présenter ce qu’est la SACEM, ainsi que les droits et devoirs entre organismes collecteurs et artistes. »
La mairie de Port Barcarès a investi trois millions d’euros pour rénover des bâtiments qui accueillent l’école. « Cela a un sens pour cette municipalité qui a créé le plus grand festival de musiques électroniques en France. On va faire partie de cette dynamique et désormais, d’où que les jeunes viennent, un site de formation est à proximité. »
Cette formation reconnue se veut ouverte au plus grand nombre. Devant le faible pourcentage de femmes dans le métier (27 % des ‘‘line-ups’’ des festivals et des programmations en club sont des femmes), Pascal Tassy espère inverser la tendance. « J’ai arrêté mon choix sur deux jeunes femmes qui sont présentes dans l’équipe pédagogique de cette nouvelle école. C’est enrichissant car une jeune femme derrière les platines ne diffuse pas la musique de la même façon qu’un garçon. » La première classe ouvrira donc en octobre, suivie de la seconde, début décembre.
Uniques en France et en Europe, les écoles de DJ de l’UCPA sont les seules à proposer une formation reconnue et entièrement prise en charge. Ouverte aux jeunes de 18 à 30 ans, les compétences que permet d’acquérir ce cursus sont multiples, adaptées aussi bien à l’animation événementielle qu’à la performance artistique et scénique.
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En savoir plus : École des DJ de l’UPCA
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