27 septembre 1960 : Tombeau de Gesualdo par Stravinsky
27 septembre 1960 – Stravinsky compose une courte œuvre instrumentale en hommage au grand compositeur italien Carlo Gesualdo, dont la vie est entourée d’un parfum de mystère assez sulfureux et violent. Elle est créée, il y a 61 ans aujourd’hui, à la prestigieuse Fenice de Venise.
C’est pour commémorer – un peu en avance tout de même – le 400e anniversaire de la naissance du grand compositeur italien Carlo Gesualdo, qu’Igor Stravinsky compose une courte œuvre instrumentale pour petit ensemble, auquel il donne un titre en latin : Monumentum pro Gesualdo de Venosa.
Il s’agit d’une « recomposition » pour orchestre sans flûte, ni clarinette, ni percussions, de trois madrigaux de Gesualdo, le quatorzième et le dix-huitième du Livre V des marginaux du maître italien, et le deuxième du Livre VI. Stravinsky avait déjà rendu hommage à son illustre devancier dans Tres sacrae cantiones l’année précédente, et c’est dans sa maison d’Hollywood que le compositeur russe – devenu citoyen américain en 1945, après avoir été également naturalisé français en 1934 – compose cette courte pièce de sept minutes.
Les trois parties, qui reprennent donc les madrigaux, s’enchaînent et s’intitulent :
1. « Asciugate i belli occhi » (Séchez vos beaux yeux ») ;
2. « Ma tu, cagion di quella » (« Mais toi, cause de celle-ci ») ;
3. « Beltà poi che t’assenti » (« Beauté qui t’éloignes », ou « qui t’absentes », comme on voudra).
On sait que la vie de Gesualdo est entourée d’un parfum de mystère assez sulfureux et violent, un peu comme celle du Caravage à peu près à la même époque. Les Vénitiens avaient ainsi refusé au musicien né en Basilicate, à l’autre bout de la botte, l’accès à Saint-Marc.
C’est pourtant bien à Venise, lors de la Biennale d’art contemporain, que Stravinsky crée sa partition « recomposée », non pas dans la mythique basilique refusée à Gesualdo, mais au non moins mythique théâtre de la Fenice. Peu après, Stravinsky l’enregistre avec l’orchestre de l’Université Columbia de New York, version que je vous propose ici, malgré une petite défaillance de la gravure au début de la cinquième minute.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »