Molière, langue étrangère
Les tenants de l’orthographe « réformée » lancent en Suisse une nouvelle offensive, aussitôt saluée par les psycholinguistes, ces esprits célestes qui savent toujours quoi penser et ce qui est bon pour l’homme – fût-il enfant.
Le 9 juin, dans le journal helvétique Le Temps, un psycholinguiste de l’Université de Fribourg réagissait dans un entretien bref aux réformes de la langue et de son enseignement, que la Conférence intercantonale de l’instruction publique venait d’annoncer. Au cours de cet entretien, il fut proclamé ceci : « Essayez de déchiffrer un texte de Molière, c’est tout bonnement incompréhensible » (et le rédacteur de sagement préciser, à l’intention des butors, que Molière écrivit au XVIIe siècle…). Voilà donc une réforme à quoi l’on se rallie en raison du caractère désormais illisible de l’œuvre de Molière. Nul n’en sera cependant étonné, à l’époque où l’on traduit Montaigne en français, afin de le rendre lisible à précisément de pauvres gosses à qui l’on ne veut plus apprendre le français…
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Notre siècle est un siècle d’or et d’azur, et l’esprit de l’homme déploie des ailes de saphir dans une aube splendide. Car notre siècle est celui des psycholinguistes, et c’est incontestablement une félicité céleste dont l’histoire mondiale d’aise doit frémir.
Notre siècle est un siècle de lumière & de liberté ; il est le siècle de la psycholinguistique au secours venue des avenirs radieux de demain.
Notre siècle est béni des dieux, puisqu’il est sa seule divinité.
Notre siècle est sacré, car c’est lui qui s’est ainsi décrété.
Abrégé de la situation :
Nouvelle offensive des tenants de l’orthographe prétendument réformée – et toute ressemblance avec une certaine « religion prétendument réformée » ne serait qu’une coïncidence malheureuse & très fortuite. Constatant le niveau schéolien où sont tombés les écoliers helvétiques dès lors qu’il s’agit d’aligner trois mots sans faire quatre fautes d’orthographe et six fautes de syntaxe, une coterie de grotesques a décidé pour dans quelques ans une réforme (homologuée n°283746646588464636 bis) de la langue française. Quand donc c’est l’Académie qui prétend, certes imbécilement, régler la langue, il faut hurler d’horreur. Lors en revanche que ce sont des cuistres d’arrière-cuisine d’on ne sait où surgis, – alors il convient d’applaudir de tous ses appendices, du moins ceux-là qui sont agitables sur décision de la seule volonté. Car il y a la bonne réforme, et il y a la mauvaise réforme. Le Psycholinguiste l’affirme : « je salue donc des réformes qui vont dans le bon sens ». Aviez-vous ouï jamais auparavant le cri du paltoquet, le soir au-dessus des jonques ? Comme les marxistes d’antan savaient de science infaillible dans quel sens coulait le grand fleuve Histoire, le Psycholinguiste sait, lui, quel est le bon sens où doivent aller toutes choses, et tous les mauvais sens dont il faut beaucoup se garder. Nietzsche traduisait ainsi le fameux fragment d’Anaximandre : « D’où les choses prennent naissance, c’est aussi vers là qu’elles doivent toucher à leur fin, selon la nécessité (kata to khreôn) ; car elles doivent expier et être jugées pour leur injustice (adikia), selon l’ordre du temps. » Notre siècle s’est dressé soudain, et il a dit : « La Nécessité et l’Ordre du temps, c’est moi ; et toute chose qui vient avant moi doit expier et par moi elle doit être jugée pour son injustice ». Tâchons à dominer notre envie de l’épingler sur un morceau de liège, pour l’exposer au premier étage du Musée des erreurs – et examinons le détail de sa pensée. Car le Psycholinguiste fait effort vers la rationalité. Il sue à la pensée de son front ; ou bien l’inverse. Vous eussiez dit d’un marécage qui voudrait se prendre pour les sept mers tout à la fois.
« Sur le plan de l’orthographe, il existe aujourd’hui une scission grandissante entre l’écrit et oral qui mérite d’être questionnée », transpire le Psycholinguiste. Y aura-t-il quelqu’un dans la salle pour lui rappeler que ce fut toujours le cas, et que cet écart tient à l’essence même de la langue, qui n’est ni le langage ni la parole ? Le commun des mortels qui eut le céleste bonheur d’user ses fonds de culotte sur les bancs d’une école d’avant les réformes qui déforment, ce commun-là de ces mortels-là donc sait fort bien que Lacan, s’appuyant sur les travaux de Saussure, distinguait la langue, comme système de signes à disposition du sujet, structure transcendante dont il est tissé et dont il est issu, d’avec d’une part la parole, comme acte personnel d’un sujet qui use de la langue, et d’avec d’autre part le langage, comme faculté du sujet à parler une ou bien plusieurs langues. Lesquelles sont donc, par nature, arbitraires ; ce qui ne signifie certes pas qu’elles doivent se solidifier dans une forme éternelle et immuable, par-dessus les tribulations des usages multiples et coupables, – non. Cela signifie seulement que le jeu de la langue et du langage, dans le lieu de la parole, est celui d’une dialectique vivante : ce serait le vouloir effondrer que de réformer, dans quelque sens que ce soit, la langue par décrets. Si le sujet a besoin d’abord d’être plongé dans la structure transcendante d’une langue qui lui est donnée, sa puissance de composition ne s’avère jamais que dans un acte personnel de parole, qu’elle soit écrite ou bien qu’elle soit orale. Cet acte a pour nom poésie ; et les poètes sont dans l’ordre du verbe ce que, dans l’ordre de la religion, les saints sont aux réformateurs, sainte Catherine de Sienne à Luther. Cela dit, passons. Car il serait bon, en outre que ce sordide foutriquet explique à ses lecteurs en quoi l’existence de l’accent circonflexe et celle du trait d’union constituent des « scissions » entre l’écrit et l’oral. Comment que ça se cause à l’oral, un accent circonflexe ? Et un trait d’union ? Est-ce que donc « porte-monnaie » se prononce d’une autre façon que « porte-monnaie » (sic) ? Et comment qu’on acoustique dans son esgourde la différence entre « il interpelle » et « il interpèle » (sic) ? Question enfin pour une boîte de cachous : peut-on faire des fautes d’orthographe à l’oral ?
Oui, vraiment, il faudrait qu’un qui soit dans la salle prenne le temps d’expliquer tout cela au Psycholinguiste… Car il en va de bien autre chose que d’ergoter gravement sur la disparition de quelques accents, et de quelques règles élémentaires de conjugaison. Il en va de l’essence même de la parole humaine, et de la langue ; et par conséquent il en va d’une intégralement neuve considération anthropologique qui se pousse et qui se presse sous les fronts bas de ceux-là dont le plus haut désir semble être d’abolir toutes les transcendances qui demeurent encore, oh ! si discrètes, dans ce monde d’immanence comme une soupière sur le feu, avec un couvercle dessus de fer et très lourd. Il serait urgent que le Psycholinguiste, du haut de sa chair de nuages et de néant, comprenne incontinent que l’essence d’une langue est d’être complexe & arbitraire, et que c’est à cause que toute langue est ainsi, qu’alors peut se déployer en elle, avec elle et contre elle, le jeu divin de la création poétique qui seul réellement transforme, par le dedans, une langue en parole, c’est-à-dire une abstraction spectrale en flamme vive et divin souffle. « Jeu », en effet, comme l’on dit de l’acteur qu’il joue, lorsqu’il incarne un texte dans une parole dont il désire d’être durant un moment la manifestation vivante et agissante. Mais précisément, si l’acteur dispose d’un espace de jeu, c’est pour ce qu’il dispose tout à la fois de sa liberté de personne, et de la contrainte d’un texte donné, d’ailleurs que de lui-même venu. La liberté de l’acteur dès lors est dans le consentement à la contrainte. Par lui s’ouvre le lieu de la parole, dont hélas aujourd’hui « la saveur a fui le règne des humains », comme l’écrivait Tzara. Car parler, c’est toujours d’abord répondre, sentir au profond de soi une provocation à rendre une parole dont mystérieusement on sait qu’elle nous fut donnée. Or il n’est de réponse qu’à condition qu’un Autre en soutienne la possibilité, parce qu’il m’a précisément appelé le premier, qu’il m’a convoqué dès toujours à proférer vers lui une parole qui n’a de sens qu’à être ainsi dirigée. La transcendance de la langue sur la parole est le fondement même de cet événement miraculeux. Il y a de la liturgie dans toute poésie, et ce fut comme de secrets et sublimes répons que furent composés tous les plus hauts chefs-d’œuvre de la littérature, en dialogue de singularité avec l’universalité d’une langue. Aussi n’est-il peut-être pas inutile de lire et de relire inlassablement L’Innommable, ce chef-d’œuvre de Beckett qui n’a pas d’autre objet qu’une tentative de transmuer en art la glaçante angoisse d’un sujet qui se découvre plongé dans le langage, envahi de langage, dépassé, transcendé, transpercé de mots qui ne sont pas les siens, et cependant sont les seules formes à sa disposition pour dire sa pensée. Voilà pourquoi ce qui suit est une sottise pélagique, proférée par le Psycholinguiste bien sûr : « passer moins de temps sur l’orthographe et davantage sur l’expression ou l’argumentation me paraît sensé ». Mais non ! c’est précisément en passant plus de temps sur l’orthographe et sur la syntaxe, sur donc cela qui est altérité dans la langue par rapport à l’exercice singulier de la parole, que l’école peut-être rendra possible, parfois, l’expression véritable et l’intelligence solide. Oui, il serait urgent que tous les psychodinguistes du monde se hâtent d’entendre, à défaut de les comprendre, ces évidences…
Peine perdue, car le clampin continue de plus belle, proclamant, humide d’effort, que les règles de l’orthographe « ne reposent sur aucune logique », et que par conséquent, elles sont très pénibles à apprendre pour nos chers petits morveux. Prenons un exemple très simple, pour être certain de ne pas dépasser le niveau du Psycholinguiste : l’accent circonflexe est-il soumis à des règles « qui ne reposent sur aucune logique » ? Mais non, crétin des Alpes. À quelques rares & belles exceptions près, qui devraient être la fierté d’une langue riche, baroque, effervescente et frénétique, l’accent circonflexe est le signe d’une origine. Il inscrit le mot dans une histoire, la sienne, laquelle il fait paraître à même son aspect. Aussi suffirait-il, pour que l’apprentissage en soit d’une facilité évidente, que les maîtres d’écoles sussent (du verbe « savoir » et non du verbe « susser » : ce sera pour la prochaine réforme !) encore un peu le latin, et fussent capables donc de faire voir à leurs élèves dans « maître » le magister. Les mots aussi, ils ont une hérédité. Ils ont parfois de leurs ancêtres l’œil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte. « Maître » a de son ancêtre le circonflexe qui est le signe visible de cette provenance archaïque et noble. « Ancêtre » lui-même conserve précieusement l’indice de ce qu’il est d’abord l’antecessor latin, et puis « l’ancestre » vieux français, – et ainsi le plus couillon miochard de mauvaise volonté est capable de comprendre pourquoi de lui dérive « ancestral », et dans un seul mot, il en apprend deux. Il en va ici de la langue comme d’une tradition. Et il est très certain que par l’utilisation de ce mot, je nourris l’espérance philosophale de faire dégueuler d’horreur tous les psycholinguistes de la galaxie. Ce n’est cependant pas une coquetterie de coïncidence si Rimbaud fut d’abord, avant d’être le génial et l’intégral rénovateur de la langue de son temps, un petit mauvais garçon qui gagnait des prix de latin et de grec ancien. Connaître un homme, c’est connaître d’où il vient, ce qui permet parfois de prévoir un peu là où il va ; connaître une langue aussi, c’est connaître d’où elle vient, et comment elle en vient. Et cela précisément à cause que la langue est un système que vivifie du dedans les paroles grandioses qui la font accroître comme un arbre, et la tire du dedans vers le haut, la ramifie, l’exhausse, l’extirpe d’en bas vers en haut, et la déploie en feuilles et en fleurs.
Le Psycholinguiste, comme la multitude sans visage de ses très semblables qui sont légions, est parfaitement incapable de constater que son apparent souci d’aller dans le sens de l’histoire est en réalité un réflexe de crispation anti-historique, propre à faire hennir d’horreur les Archives nationales. C’est une haine de l’histoire qui le motive, et l’empêche de penser autrement que comme une opposition la dimension historique de la langue, et sa dimension logique ; de même qu’il était incapable de penser comme une dialectique féconde et fructueuse, l’articulation de la langue et de la parole, du système de signes universel, et de l’acte singulier de sa manifestation. C’est ce gueux-là, en vérité, qui rêve de « figer » la langue dans un instant de son évolution, par un décret des puissances suprêmes, et surtout qui est incapable de tenir un discours cohérent, – et je le prouve. Le Psycholinguiste en effet exsude ceci que « les multiples évolutions dans la graphie des mots ont été décidées de manière arbitraire et non pas en suivant les usages » ; ce qui est mal. Cependant, il approuve une réforme dont le but est de faire évoluer la graphie des mots par une décision arbitraire, qui évidemment ne suit aucun usage ; ce qui est bien. En réalité, le Psycholinguiste confond les paresses de quelques-uns avec l’usage de toute une époque ou de toute une classe (sociale, pas scolaire). L’usage, pour lui, c’est la médiocrité des élèves : qu’un gamin de sept ans fasse systématiquement sauter le circonflexe de « grâce », et voilà un nouvel usage qui se crée ! La législation par le cancre. La démocratie du dernier de classe. On comprend alors le sens de cette orthographe « rectifiée » : rectifiée par qui, et selon quel droit (rectus, dans ce latin que le Psycholinguiste ne connaît pas) ? Par une petite bande de dangereux dégénérés, qui font du droit des cancres le critère de l’usage. Car l’on ne rectifie que cela qui déviait auparavant ; l’on ne s’acharne à redresser que ce qui était tordu. La langue d’hier et d’avant-hier donc était fautive, et coupable, elle doit bel et bien expier selon la justice idéologique de l’aujourd’hui et même déjà du demain, qui sait tout mieux que tout le monde, et dont la grande raison est de n’avoir plus à rendre raison de lui-même au devant d’aucun Absolu. Toute rectification, qu’elle le dise ou qu’elle le taise, est toujours normative ; et le Psycholinguiste a beau jeu de déclarer que, certes, « il y a une forme de beauté dans la norme mais si elle empêche les élèves de progresser, à quoi bon ? » D’abord : quels élèves ? J’en sais beaucoup qui ont progressé, et même qui continuent. Ensuite, faut-il être de mauvaise foi pour ne pas admettre que la rectification de l’orthographe vise la mise en place d’une nouvelle norme, mais elle taillée à la mesure des fragiles élèves incapables de progresser dès lors qu’on leur impose, oh ! si timidement, si tièdement, si helvétiquement, l’apprentissage de deux ou trois exceptions, et de quatre ou cinq règles de syntaxe.
Au reste, le Président du Syndicat des enseignants, de la chasse aux champignons et du vélo d’intérieur, déclare ailleurs, à propos des principes de cette réforme, que : « ainsi, dans quelques années, leur adoption sera enfin ancrée dans les usages ». J’aimerais donc bien que l’on se décide : cette réforme est-elle là pour ratifier des usages tant mirifiques qu’ils méritent de passer à la postérité, ou bien alors est-elle là pour les forcer, et faire entrer des principes artificiels et artificieux en des usages qu’on espère assez souples pour que cette opération se déroule sans déchirure ligamentaire ? Sans doute, un tel recul critique dessus leurs propres pratiques est impensable pour les réformateurs au fer rouge, dont le tonnage encéphalique à chaque ligne de leurs baratins divers mais peu variés, paraît un peu moins remarquable. Preuve en est la haute compréhension que le Psycholinguiste semble avoir de la langue (qu’il ne démêle donc ni de la parole ni du langage), lorsqu’il prononce que « la langue sert avant tout à comprendre et à communiquer ». Allons bon. Dieu me chatouille, mais force m’est de convoquer le bon Jean-Jacques pour la défense de la langue : « les premieres langues furent chantantes & passionnées avant d’être simples & méthodiques » ; et d’ajouter : « d’abord on ne parla qu’en poésie ; on ne s’avisa de raisonner que long-tems après ». Nul n’est tenu d’être absolument du sentiment de Rousseau sur cette matière ; nonobstant quoi, il me semble tout de même convenable de ne pas assener trop vite des platitudes, lorsqu’il en va de si capitales questions. On comprend cependant très vite que l’œuvre de Rousseau ne doit pas être très fréquentée par le Psycholinguiste qui fait ensuite cet aveu considérable : « essayez de déchiffrer un texte de Molière, c’est tout bonnement incompréhensible ». Crénom ! Moi qui parviens sans trop de peine à lire Montaigne en langue originale (c’est-à-dire en français), suis-je donc un monstre ? Mais aussi, qu’y puis-je ? Moi, quand je lis le Psycholinguiste, je songe à ce vers de Tzara, en forme d’avertissement : « les hiboux sont à nos portes ».
Mais avançons, et tâchons de comprendre d’où diable peut venir à ces énergumènes, de leur propre aveu, cette démangeaison qui les tient de faire des réformes. (« Il fait des réformes ? », s’écriait Don Salluste effaré, à propos de son valet Blase, propulsé ministre du Roi d’Espagne.) Le Psycholinguiste s’explique : « les réformes doivent être pensées pour améliorer le niveau des élèves en français ». Donc, la langue est au service des élèves qui l’apprennent, ou bien plutôt qui ne l’apprennent plus, puisque c’est au contraire la langue désormais qui doit apprendre à convenir aux paresses et aux faiblesses de ceux-là dont on prépare l’avenir en le rendant impossible. L’évolution de la langue serait alors finalisée par une très conjecturale amélioration du « niveau » des élèves… Mais comment espérer que le niveau se hausse du sujet, si l’on abaisse toujours le niveau de l’objet ? Vous eussiez dit d’un acteur excessivement médiocre qui, incapable d’apprendre son texte, prendrait la décision très courageuse de dire sur scène n’importe quoi, afin d’être pour toujours à l’abri du moindre trou de mémoire. Infaillible méthode pour « améliorer le niveau » des acteurs… D’après ce que j’ai dit plus haut, le lecteur comprendra tout seul le sophisme circulaire du Psycholinguiste : pour améliorer le niveau des élèves, il faut déformer la langue afin de la plier aux paresses des plus mauvais parmi les élèves. Je pensais quant à moi que, pour améliorer le niveau des élèves, il les fallait mieux faire travailler ; le Psycholinguiste, quant à lui, pense que pour améliorer le niveau des élèves, il faut transformer leurs erreurs en vérités. Si seulement, Seigneur mon doux Seigneur ! les mathématiques pouvaient ainsi se réformer… Enfin, et comme je l’ai toujours cru, on pourrait décréter que la dérivée est une intégrale comme les autres, et que les nombres imaginaires n’existent pas. Cela permettrait d’améliorer très considérablement le niveau des élèves dans cette discipline acrobatique pour beaucoup. La science et la recherche, certes, y perdraient ce que « l’intérêt des élèves » y gagnerait, qui est suprême. Car l’intérêt des élèves, selon le Psycholinguiste, c’est de demeurer à tout jamais une ample bande de débiles mentaux que l’apprentissage d’une ou deux exceptions terrorise.
La fin de l’entretien se passe de commentaires. On y apprend surtout que « ce qui est intéressant (sic), linguistiquement, c’est d’observer comment l’usage de l’écriture inclusive ou du langage épicène contribue à démasculiniser les représentations des enfants. Qu’on s’en réjouisse ou non, des études le prouvent. Le simple fait d’évoquer ces questions avec les élèves est aussi une porte d’entrée très efficace pour rebondir sur d’autres sujets d’égalité. » Le Psycholinguiste est une manière de héros, qui passe des portes efficaces dans le but gymnastique de rebondir sur des sujets d’égalité. Le tout en démasculinisant des représentations dès l’heure du café matinal, et dans la fièvre d’une urgence militante, à cause que « le langage véhicule effectivement une pensée androcentriste qui a une influence sur les élèves dans la mesure où il leur offre un regard biaisé sur le monde ». Ce qu’ayant lu, je suis allé reprendre deux fois des moules.
Romain DEBLUË
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