Spectacle vivant : “la crise est encore devant nous” selon la CPNEF-SV
Selon le rapport de la CPNEF du spectacle vivant, non seulement aucun métier de la filière n’a été épargné par la crise, mais les difficultés sont encore à venir. Pour relancer le secteur, le document propose quatre angles d’approche autour des aides d’urgence, de l’emploi, des parcours professionnels et de l’avenir.
La Commission paritaire nationale emploi formation spectacle vivant (CPNEF-SV) a rendu public son diagnostic sur les conséquences de la crise sanitaire. Le document, de plus de 120 pages, couvre les différents métiers et filières du spectacle vivant.
Une crise encore devant nous
« Il est difficile de tirer des conclusions générales, mais ce qui ressort, c’est que l’ensemble de l’écosystème a été impacté : petites et grandes entreprises, modèles publics et privés, les organismes sociaux et de formations, souligne Carole Zavadski, la déléguée générale du CPNEF-SV. Le diagnostic montre aussi que la crise est encore devant nous, avec une baisse des recettes et une baisse des effectifs. Alors que la reprise est progressive, floue et coûteuse, l’avenir est incertain. »
Même les filières subventionnées, que l’on pensait plus protégées que d’autres, ne pourront pas compenser les pertes financières à cause d’une baisse des moyens qui leur sont alloués. 32 % des structures interrogées ont connu une baisse de leurs subventions en 2020 et 44 % prévoient une baisse en 2021.
Selon Carole Zavadski, les difficultés conjoncturelles liées à la crise frappent d’autant plus le secteur qu’elles sont venues s’ajouter aux fragilités structurelles. « C’est une économie par projet, il n’y a pas de pérennisation, détaille-t-elle. C’est toujours une prise de risque : le spectacle va-t-il plaire au public, va-t-il durer… »
Baisse des effectifs
Selon le document, 73 % des professionnels interrogés déclarent avoir effectué moins de 300 heures de travail depuis le 1er mars 2020. 46 % indiquent avoir travaillé moins de 100 heures. Concernant l’impact financier, 61 % des structures rapportent une baisse de leurs recettes de plus de 60 %, et de plus de 80 % pour 34 % d’entre elles. Enfin, 29 % disent avoir connu des baisses d’effectifs permanents en 2020 et 73 % déclarent une baisse de leurs effectifs intermittents.
Du côté des professionnels, 68 % des sondés sont actuellement en recherche d’emploi. Les conséquences de la crise se traduisent pour eux de différentes façons en fonction des métiers et du contexte professionnel de chacun.
« Dans le cadre des CDDU, les craintes peuvent porter sur la quantité de travail, sur les perspectives, sur les risques psycho-sociaux, poursuit Carole Zavadski. Les artistes résistent peut-être plus à la précarité que les techniciens. Ils peuvent continuer à travailler même dans des conditions dégradées car il y a un engagement identitaire. Les techniciens vont se trouver un plan B en attendant la reprise ou vont chercher à se reconvertir. »
Pour cette raison, des professionnels risquent de quitter définitivement le secteur. « Nous ne pouvons pas encore mesurer ce phénomène, souligne Carole Zavadski. La césure se fait entre les personnes qui peuvent attendre une reprise et celles qui ne le peuvent pas. Cela risque d’être plus dur pour les plus jeunes, qui sont les plus fragilisés, car la reprise dépendra du niveau d’expérience. On fera en priorité appel à des professionnels aguerris. »
Accès aux droits sociaux
Si le diagnostic propose des mesures d’actions, Carole Zavadski précise qu’elles ne peuvent venir qu’en complément d’un plan plus large de la part des pouvoirs publics. « Elles ne sont intéressantes que s’il y a des aides massives pour soutenir le milieu culturel, confirme-t-elle. Le ministère devra être à la hauteur des enjeux. »
Le document avance quatre angles d’approche différents, détaillés en dix-huit pistes d’action :
1/ faire face à l’urgence en accompagnant toujours les entreprises,
2/ préserver l’emploi et les droits sociaux,
3/ accompagner les évolutions professionnelles,
4/ assurer l’avenir.
« Il faudra trouver les moyens de soutenir les projets et les équipes par des financements et des dispositifs permettant aux entreprises de ne pas être en cessation d’activité, souligne la déléguée générale. Il faudra maintenir les aides généralistes avec, par exemple, l’exonération des charges. Il y a aussi beaucoup à faire concernant l’accès aux droits sociaux. Les professionnels ont vu une baisse de leur revenu et, de ce fait, en symétrie, une baisse de leurs accès aux droits pour l’assurance chômage, l’accès à la formation pro, l’accès à la retraite… »
La revitalisation des territoires est aussi un des points avancés par le diagnostic-action. « Nous avons construit un système de protection sociale très efficace mais dans un cas de crise durable et mondiale, nous avons du mal à en faire valoir les bénéfices », conclut la déléguée générale.
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En savoir plus : Diagnostic action dans le secteur du spectacle vivant
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