13 novembre 1919 : la paix douloureuse
Instant classique – 13 novembre 1919… 101 ans jour pour jour. Vincent d’Indy compose au lendemain de la Première Guerre mondiale une symphonie, afin de vanter la victoire : une œuvre injustement méconnue, aux beaux accents désolés.
La guerre avait exacerbé les sentiments patriotiques et même nationalistes de Vincent d’Indy. Rappelons que celui qui est alors l’un des principaux compositeurs français est un homme aux convictions monarchistes très ancrées, réactionnaire qui avait été anti-dreyfusard et même antisémite, bien qu’il ait toujours accepté dans la Schola cantorum – dont il est le cofondateur – des élèves de confession juive. Bref, ce personnage qu’Erik Satie trouvait pourtant « simple et bon » a sa face sombre.
La guerre le met face à ses contradictions musicales. Car d’Indy admire la musique allemande, mais son patriotisme le pousse à rejeter ces références et l’art très germanique du contrepoint à la Bach, enseigné pourtant à la Schola cantorum – pour mettre en exergue la claire rigueur formelle de la musique française
Quelques mois après l’armistice, il compose une symphonie – sa troisième – dont le but est de vanter la victoire. Il la sous-titre « de Bello Gallico » pour bien qu’on comprenne et elle est créée voici tout juste cent un ans, deux jours après le premier anniversaire de l’armistice.
Si elle ne compte pas parmi les grands chefs-d’œuvre de d’Indy, cette symphonie est néanmoins injustement méconnue. Non pas à cause de ses élans un peu cocardiers, notamment dans son finale, mais pour les accents désolés qui la traversent et qui illustrent à leur manière les souffrances de la guerre que le vieux d’Indy (il a soixante-huit ans au moment de la création) a vécues comme tant d’autres, non pas sur le front pour sa part, mais dans son for intérieur.
J’ai choisi le troisième mouvement, le plus caractéristique de cette évocation douloureuse, qui débute avec un très beau solo de hautbois, ici dans une belle version par l’orchestre philharmonique de Strasbourg, dirigé par celui qui fut un de ses principaux chefs, Theodor Guschlbauer.
Un jour… une œuvre musicale !
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