9 octobre 1921 : Rhapsody in red (bloody)
Instant classique – 9 octobre 1921… 99 ans jour pour jour. Leoš Janáček reprend le célèbre roman de Gogol, Tarass Boulba, et compose une rhapsodie pour orchestre afin d’exalter la soif de liberté des Tchèques et des Slovaques vis-à-vis de la monarchie des Habsbourg.
Pour mieux exalter, au moins implicitement, la soif de liberté des Tchèques et des Slovaques vis-à-vis de la monarchie des Habsbourg, Leoš Janáček s’inspire entre 1915 et 1918 du célèbre roman de Gogol, Tarass Boulba, qui raconte l’histoire de la lutte des Cosaques Zaporogues – dans l’Ukraine occupée par les Polonais au XVIIe siècle – pour leur indépendance.
Il en tire trois parties, toutes funèbres :
1/ la mort d’Andreï, premier fils de Tarass Boulba, que ce dernier exécute car il a trahi les siens par amour d’une Polonaise (comme quoi, il n’y a pas que Fernand Naudin qui connaissait une Polonaise…) ;
2/ la mort d’Ostap, second fils du héros cosaque, capturé par l’ennemi et torturé avant d’être tué alors qu’il appelle son père à l’aide, ce qu’illustre un déchirant appel de la petite clarinette ;
3/ enfin, la prophétie et la mort de Tarass Boulba lui-même, dans les flammes (oui, ce n’est pas follement gai). Il se rappelle ses combats et se réjouit de savoir que ses partisans ont échappé aux Polonais.
Pour mieux faire comprendre le but qu’il recherchait en exaltant le sacrifice de Tarass, Janáček écrit : « Ce n’est pas parce que Tarass a tué son premier fils coupable de trahison par amour, ce n’est pas pour la mort d’Ostap supplicié, mais parce qu’‘‘il n’existe pas de feux ni de souffrances qui puissent vaincre la force russe’’ ; c’est pour ces mots, semblables aux étincelles du bûcher sur lequel a péri le chef cosaque, que j’ai écrit cette rhapsodie d’après l’œuvre de Gogol. »
L’œuvre est créée à Brno voici 99 ans, sous la direction de František Neumann. Au moment où elle l’est, les Tchécoslovaques ont créé leur État.
Ici, c’est l’un des plus grands interprètes de Janáček au XXe siècle qui dirige la Philharmonie tchèque, sir Charles Mackerras.