27 septembre 1889 : César Franck pousse la chansonnette
Instant classique – 27 septembre 1889… 131 ans jour pour jour. César Franck compose la Chanson du vannier, un petit duo charmant et mélodieux, sur un poème d’André Theuriet.
César Franck n’a pas été un mélodiste acharné. Une douzaine d’œuvres de jeunesse, des petites choses par ci-par là, mais pas beaucoup plus. À la toute fin de sa vie, il rempile pour six petits « Duos pour chœur à deux voix égales », qui peuvent aussi être chantés par deux soprani.
Dans tous les cas, les voix sont accompagnées au piano. Plusieurs textes sont utilisés pour élaborer ces duos et voici tout juste cent trente-et-un ans, il achève ainsi la « Chanson du vannier », dernier de ces duos, sur un poème d’André Theuriet. Il dédie la partition à Mme Saint-Louis-de-Gonzague et il s’agit d’un petit allegretto charmant et mélodieux dont j’ai trouvé ici une très jolie version pour chœur d’enfants.
Et voici le texte de ce petit poème.
Brins d’osier, brins d’osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.
Brins d’osier, vous serez le lit frêle où la mère
Berce un petit enfant aux sons d’un vieux couplet :
L’enfant, la lèvre encor toute blanche de lait,
S’endort en souriant dans sa couche légère.
Brins d’osier, brins d’osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.
Vous serez le panier plein de fraises vermeilles
Que les filles s’en vont cueillir dans les taillis.
Elles rentrent le soir, rieuses, au logis,
Et l’odeur des fruits mûrs s’exhale des corbeilles.
Brins d’osier, brins d’osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.
Vous serez le grand van où la fermière alerte
Fait bondir le froment qu’ont battu les fléaux,
Tandis qu’à ses côtés des bandes de moineaux
Se disputent les grains dont la terre est couverte.
Brins d’osier, brins d’osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.
Lorsque s’empourpreront les vignes à l’automne,
Lorsque les vendangeurs descendront des coteaux,
Brins d’osier, vous lierez les cercles des tonneaux
Où le vin doux rougit les douves et bouillonne.
Brins d’osier, brins d’osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.
Brins d’osier, vous serez la cage où l’oiseau chante,
Et la nasse perfide au milieu des roseaux,
Où la truite qui monte et file entre deux eaux,
S’enfonce, et tout à coup se débat frémissante.
Brins d’osier, brins d’osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.
Et vous serez aussi, brins d’osier, l’humble claie
Où, quand le vieux vannier tombe et meurt, on l’étend
Tout prêt pour le cercueil. – Son convoi se répand,
Le soir, dans les sentiers où verdit l’oseraie.
Brins d’osier, brins d’osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.