« La Forme de l’eau » : après la petite sirène voici le grand triton
C’est l’histoire d’un homme-poisson que des méchants ont emprisonné et que des gentils veulent libérer. Je pourrais – comme je m’évertue à le faire chaque matin – faire un effort et vous présenter un résumé autrement plus élaboré de « La Forme de l’eau ».
★☆☆☆
Faute de conviction ?
Je pourrais vous dire que son action se déroule au début des années soixante, en pleine Guerre froide, à Baltimore, que son héroïne est une jeune femme muette employée comme femme de ménage dans une base secrète de l’armée américaine, qu’une créature aquatique, mi-poisson, mi-homme, y a été capturée et y est soumise aux pires sévices par un gardien sadique, que notre héroïne se prend de compassion pour la mystérieuse créature et décide de la libérer avec l’aide d’une collègue noire, d’un voisin homosexuel et d’un espion russe.
Mais ce serait bien long pour un scénario qui, tout bien considéré, se résume aisément en une phrase plus courte.
Je plaide coupable par avance car La Forme de l’eau est le grand favori des Oscars – et que je n’aurais rien à redire à sa victoire annoncée sur les autres films nommés, tels Get Out, Phantom Thread ou 3 Billboards, qui ne m’ont guère plus convaincu. Mais ce plébiscite critique et public ne m’empêchera pas de faire entendre une voix dissonante.
Après La petite sirène, « le grand triton » !
La créature filmée « dans une diaprure bleu-vert » (dixit Le Monde) ? Le copier-coller de la créature du lac noir sorti en 1954 – qui fut le premier film visible en trois dimensions grâce à des lunettes bicolores.
L’héroïne muette ? Un personnage dont on ne comprend pas le traumatisme originel et l’étonnante attirance pour l’eau – dans laquelle elle se livre chaque matin à des libations étonnamment lestes pour un film tout public.
Les autres personnages ? Une galerie politiquement correct de ce que tout ce que l’Amérique compte de minorités opprimées.
Vous avez aimé La petite sirène de Walt Disney ? Vous aimerez peut-être « Le grand triton » de Guillermo del Toro [je viens de passer deux heures à chercher l’équivalent masculin de la sirène et ne me cherchez pas des poux dans la tête si le triton ne correspond pas tout à fait].
La somptuosité gothique des décors ? la merveilleuse histoire d’amour ? l’hymne à la tolérance ? Je n’ai vu dans le conte de fées de Guillermo del Toro à la naïveté assumée qu’une historiette simpliste aux personnages manichéens et à l’intrigue cousue de fil blanc.
Lire aussi l’avis de notre autre critique
Guillermo del Toro, La Forme de l’eau, France, 2017, 119mn
- Sortie française : 21 février 2018
- Titre original : The Shape of Water
- Genre : film fantastique
- Classification : tous publics
- Avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Doug Jones, Michael Stuhlbarg, Octavia Spencer, Richard Jenkins, Lauren Lee Smith, John Kapelos, David Hewlett, Nick Searcy.
- Scénario : Guillermo del Toro et Vanessa Taylor
- Musique : Alexandre Desplat
- Directeur de la photographie : Dan Lautsen
- Distribution : Twentieth Century Fox
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