17 septembre 1789 : ce qui n’est pas de Mozart est-il encore du Mozart ?
Instant classique – 17 septembre 1789… 231 ans jour pour jour : création d’un aria, composé en partie par Mozart, achevé par Erik Smith pour compléter un opéra de Giovanni Paisiello. Une histoire bien complexe, pour les beaux yeux et surtout la belle voix de la jeune soprano Josefa Hofer.
En 1782, bien avant que la version de Rossini vienne la balayer (injustement, d’ailleurs), la pièce de Beaumarchais, Le barbier de Séville, a fait l’objet d’une adaptation pour l’opéra signée Giovanni Paisiello, créée à Saint-Pétersbourg. Quelques années plus tard, l’œuvre est reprise à Vienne et traduite en allemand, comme cela arrive régulièrement. Le rôle de Rosine y est tenu par Josepha Hofer, une soprano bien connue sur la place, dont le nom de naissance n’est pas Hofer mais Weber. Et c’est l’une des deux sœurs de Constance Weber.
Or, Paisiello n’a pas vraiment mis en valeur le personnage de Rosine. Elle n’a pas, dans son opéra, de grands airs susceptibles de la propulser et de la faire remarquer du public pour cette unique moment. En tout cas, pas suffisamment au goût de la jeune soprano. Alors, Josepha se tourne vers son beau-frère, le mari de Constance, qui n’est autre que Mozart soi-même. Elle lui demande si par hasard il ne pourrait pas l’aider un peu. C’est dans cette circonstance que naît cette aria, notée K580 dans la fameux catalogue Köchel, mais qui ne verra pas vraiment le jour.
Mozart laissera le morceau inachevé et ne composera que jusqu’à la mesure 195 de la partition. C’est le musicologue Erik Smith qui l’achèvera et l’orchestrera bien plus tard, au XXe siècle. C’est néanmoins un joli petit air , ici chanté par Christine Eda-Pierre sous la baguette du grand mozartien qu’était sir Colin Davis.