19 août 1881 : la mulți ani, George !
Instant classique – 19 août 1881… 139 ans jour pour jour. En roumain, pour souhaiter un bon anniversaire, on souhaite encore de nombreuses années (« mulți ani »). Pour notre cher Georges Enesco (ou George Enescu), c’est un peu raté, mais il n’empêche, faisons comme s’il était toujours là. Finalement, c’est toujours un peu le cas, notamment dans son pays natal et même s’il est enterré dans son pays d’exil et d’adoption, la France.
Le plus grand compositeur roumain naît voici cent trente-neuf ans à Liveni, tout près de l’actuelle frontière romano-moldave. Son père est un propriétaire terrien relativement aisé, qui va vite remarquer les prédispositions de son fils, seul survivant d’une fratrie de huit, pour la musique. De fait, Georges Enesco découvre le violon très tôt grâce aux orchestres populaires.
Comme tant d’autres compositeurs d’Europe centrale et orientale, ces rythmes et couleurs populaires marqueront toujours sa musique (voyez Bartók en Hongrie, Janaček en Bohème ou Szymanowski en Pologne). Son père le présente donc à un professeur de musique et compositeur, Edouard Caudella, qui comprend vite qu’il a affaire à un petit prodige. Il l’envoie rapidement à l’Académie de musique de Vienne, dès que le petit Enesco a sept ans. Il y perfectionne son apprentissage du violon avec, notamment, Joseph Hellmesberger, fils du légendaire premier violon solo du philharmonique de Vienne. Il y apprend aussi le piano et la composition. Il ira ensuite à Paris, à quatorze ans et jusqu’à ses dix-huit ans et il aura comme professeurs Ambroise Thomas, Théodore Dubois, Jules Massenet et Gabriel Fauré.
Sa voie est tracée, et il commence d’ailleurs à composer très tôt, même s’il se fait reconnaître d’abord comme l’un des plus grands violonistes de son temps. Son premier opus est achevé alors qu’il n’a que seize ans et c’est le Poème roumain, que je vous propose ici. Il le compose durant son séjour parisien (il y reviendra extrêmement souvent durant ses nombreux voyages et y restera lors de son exil après la Seconde Guerre mondiale), le dédie en « respectueux hommage à Sa Majesté la reine de Roumanie », et il est créé avec un immense succès en février 1898 lors des concerts Colonne.
On y entend de nombreuses réminiscences de cette fameuse musique populaire roumaine, dans une partition foisonnante et envoûtante, souvent orientalisante et toujours pleine de vigueur.