5 juillet 1888 : un patchwork unitaire…
Instant classique – 5 juillet 1888… 132 ans jour pour jour. On reste avec Alexandre Glazounov, davantage héritier d’un Tchaïkovsky (le génie en moins. Glazounov est volontiers très routinier) que dans la lignée du Groupe des Cinq et de Rimsky-Korsakov.
Alexandre Glazounov dirigera longtemps le Conservatoire de Saint-Pétersbourg et se distinguera aussi comme chef d’orchestre (même si Rachmaninov ne pardonnera jamais le sabotage de sa Première symphonie, dirigée comme un cochon par Glazounov qui, dit-on, était rond comme une queue de pelle). Tenant de la grande tradition, il n’aura guère d’audace dans ses presque deux cents partitions, mais permettra l’éclosion des génies futurs, tels Chostakovitch, qui sera son élève.
En attendant, cet amoureux de l’orchestre s’essaie à la musique de chambre et notamment au quatuor à cordes. Il en fera sept. En 1886, il se lance dans ce qui deviendra son troisième, au moment de sa création. Mais rien ne le laisse supposer lorsqu’il pose les premières notes sur le papier-musique. En effet, en avril 1886, il termine une pièce « moderato », baptisée « Jeudi » (ce devait être un jour doux et serein), destinée à être indépendante. Trois mois plus tard, il fait un prélude, avant d’écrire un arrangement sur une chanson espagnole, “El pano”. Puis en novembre 1887, nouveau morceau a priori indépendant, « alla mazurka ». C’est le 5 juillet 1888 qu’il achève le dernier, la danse ukrainienne. À ce moment là, l’œuvre, pas encore unifiée, compte cinq mouvements assez distincts les uns des autres. Glazounov retire alors la chanson espagnole et il a ses quatre mouvements, à la tonalité plus « slave », couleur qu’il recherchait dès le départ. Et voilà le travail.
Ce quatuor est d’une séduction constante, plutôt gai (le sous-titre « slave » pourrait faire craindre de grands abîmes torturés, mais il n’en est rien), plein d’une vie heureuse qu’on regarderait derrière un léger voile. Glazounov orchestrera d’ailleurs le fameux dernier mouvement, dont on célèbre aujourd’hui l’anniversaire et avec lui celui du quatuor, et lui donnera le nom de « jour de fête slave ». Mais selon moi, le morceau le plus beau de cette partition reste le doux Interlude moderato, le second mouvement. Voici en tout cas le tout pour vous en faire une meilleure idée, excellemment interprété par le quatuor Chostakovitch, comme un clin d’œil.