2 juillet 1714 : Joyeux anniversaire, Christoph Willibald !
Instant classique – 2 juillet 1714… 306 ans jour pour jour. C’est à Erasbach, en Bavière, que voit le jour voici trois cent six ans l’un des plus grands compositeurs d’art lyrique de l’histoire de la musique, Christoph Willibald, chevalier von Gluck.
On sait assez peu de choses de sa mère, hélas. Son père est un soldat au service des princes Lobkowitz, puis devient, alors que Gluck est encore enfant, maître des eaux et forets, charge dévolue traditionnellement à cette famille, en Bohème. Assez tôt, le petit Christoph Willibald montre que son truc à lui, c’est la musique, à la grande déception de son père qui ne considère pas cet intérêt convenable pour établir une situation. Et donc, à dix-huit ans, il décide de tout plaquer pour aller sur les routes et chemins jouer de la guimbarde, instrument qu’il avait appris à manier en cachette. Après bien des péripéties, il parvient à suivre une formation sérieuse à Vienne, financée par le prince Lobkowitz et que les cœurs d’artichauts se rassurent : son père lui pardonne aussi.
On le retrouve ensuite à Milan où il réussira à compléter sa formation avec un grand musicien de l’époque, Giovanni Battista Sammartini et c’est là qu’il écrit son premier opéra, sur un livret de Métastase, Artaserse. C’est le début d’une longue liste puisqu’il laissera une cinquantaine d’opéras, des ballets, des œuvres instrumentales etc. C’est surtout l’auteur d’une véritable révolution dans l’art lyrique, en le rattachant d’abord aux Lumières et en lui donnant un sens nouveau : finies les ritournelles et autres roucoulades interminables héritées de l’opéra baroque, qui figent le drame. Place à la continuité dramatique, sans coller des airs rigides, indépendants les uns des autres.
Gluck commence à mettre en œuvre cette conception novatrice à Vienne avec le librettiste Calzabigi, son librettiste fétiche dans les années 1760. Puis Gluck déboule à Paris à partir de 1774 et y parachève sa réforme au prix d’une violente controverse qui opposera ses partisans – pro-opéra français tel qu’hérité de Lully et de Rameau – emmenés par l’abbé Arnaud contre ses farouches opposants, les pro-opéra italien rassemblés autour du compositeur Piccinni et défendus par Marmontel. Mais cela justifierait toute une thèse (il y a évidemment quantité d’ouvrages sur le sujet).
Pour célébrer les trois cent six ans de ce grand compositeur, voici une pièce vertigineuse, tirée de son Orphée et Eurydice, la fameuse danse des furies.