Le Syndicat national des scènes publiques dénonce une “culture territoriale mise en jachère”
Déçu par l’intervention d’Emmanuel Macron et très inquiet pour l’avenir du spectacle vivant, le Syndicat national des scènes publiques (SNSP) reproche à Emmanuel Macron son manque de connaissance du terrain et plus généralement son discours parfois confus et dénué de véritables annonces.
Le SNSP se dit très inquiet au lendemain du discours d’Emmanuel Macron. Si le syndicat relève, dans un communiqué en date du mardi 12 mai, « la bonne nouvelle sur la prorogation des droits des intermittents que l’ensemble de notre profession réclamait pour éviter une catastrophe sociale et artistique sans précédent », il peine à comprendre la démarche du chef de l’État qui a préféré dialoguer avec quelques personnalités du monde artistique, non représentatives de l’ensemble du secteur, plutôt qu’avec les organisations professionnelles.
Le SNSP dénonce notamment la méconnaissance « du travail effectué depuis des années par l’ensemble des opérateurs culturels, qu’ils soient labellisés ou non, en espace urbain ou en grande ruralité ». Ce sont eux qui maintiennent « en ordre de marche un service public de la culture sur l’ensemble du territoire national », pas seulement dans les salles, mais également dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les prisons, les universités, les entreprises, etc.
« Les scènes publiques de territoire, scènes publiques, scènes conventionnées, ateliers de fabrique artistique sont le creuset de cette richesse créative dont tous les gouvernements vantent les mérites, poursuit le syndicat. Elles jouent, de la plus petite à la plus grande, un rôle fondamental dans la création et la veille artistique. Leur maillage est l’apanage de notre “modèle français”. »
Il est incompréhensible selon le SNSP qu’Emmanuel Macron évoque une « mise à contribution » alors que le travail effectué quotidiennement par les acteurs sur le terrain devrait naturellement impliquer une association étroite « à la mise en place d’un véritable plan de relance de notre projet commun de démocratisation culturelle ». Cette absence de « prise en compte essentielle » rend caduque, pour le syndicat, « toute velléité de plan de relance ou de soutien ».
« Nous partageons bien sûr les interrogations de nos partenaires et les questions de la prise en compte des heures de travail d’éducation artistique dans le calcul des droits, de la place et du statut des artistes au cours de cet “été apprenant”, poursuit le syndicat. Ces propositions aussi louables qu’elles paraissent, ne sauraient être une réponse à cette crise inédite que nous allons traverser. »
Plutôt que ces mesures incertaines, le SNSPS attendait du président de la République la mise en place d’un « fonds de soutien exceptionnel en direction des artistes, mais aussi auprès de tous les établissements de productions et de diffusions qu’ils soient ou non déjà accompagnés par les services du ministère de la culture », « un soutien actif de tous les services de l’État » pour assurer aux équipes artistiques « la possibilité de poursuivre rapidement leurs activités de créateur » et un « appel solennel et puissant à l’ensemble des exécutifs territoriaux de ne pas abandonner leurs services publics des arts et de la culture ».
Plutôt qu’un « discours parfois confus et sans aucune annonce de moyens renforcés pour le ministère de la culture, ni de nouvelles marges de manœuvre pour notre ministre et ses services », ce sont ces trois demandes qui permettraient, selon le SNSP, de protéger l’exception culturelle à la française.
Et le syndicat de conclure : « Nous sommes déçus par cette déclaration et très inquiets pour l’avenir du spectacle vivant et de notre capacité dans le futur à rendre à la population de notre pays le service que nous lui devons tous. »
Élodie NORTO
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