6 février 1909 : Stravinsky fait le bzzzz

6 février 1909 : Stravinsky fait le bzzzz
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Instant classique – 6 février 1909… 111 ans jour pour jour. Une légende tenace veut que le « scherzo fantastique » qu’Igor Stravinsky compose en 1906 à vingt-quatre ans (c’est son opus 3) ait été inspiré par La vie des abeilles de Maurice Maeterlinck.

Certains bourdonnements caractéristiques au milieu de la partition pourraient attester cette idée. Le problème, c’est qu’Igor Stravinsky, dont on sait le caractère – disons – un peu compliqué, a toujours démenti ce point. Il venait certes de lire l’ouvrage du poète belge, mais assure qu’il n’avait pas spécialement de programme en tête pour ce scherzo qu’il considérait comme sa première œuvre réussie.

Elle est créée à Saint-Pétersbourg sous la direction d’Alexandre Ziloti voici cent onze ans, lors d’un concert décisif pour Stravinsky, puisqu’on y joue aussi son Feux d’artifice (opus 4) et surtout parce que dans la salle se trouve un certain Serge de Diaghilev, patron des ballets russes, qui ne tardera pas à mettre la main sur ce prodige. Viendront Petrouchka et surtout le Sacre du printemps quelques années plus tard.

Lorsque le chorégraphe Léo Staats entreprend de faire du scherzo « fantastique » un ballet en 1917, en s’appuyant sur le livre de Maeterlinck qui n’était pas censé inspirer l’œuvre, Stravinsky voit rouge : « Un peu de mauvaise littérature fut imprimée sur la page de garde de ma partition pour satisfaire mon éditeur qui croyait qu’une histoire allait faire vendre la musique. » Pour bien se faire comprendre, il écrit ensuite sur une lettre reçue de l’écrivain : « Lettre de M. Maeterlinck, et ses déclarations ridicules au sujet de l’argument des Abeilles, un ballet classique sans argument, réalisé sur la musique de mon Scherzo fantastique. »

Ce scherzo avait été envoyé à Rimsky-Korsakov, vieux patriarche de la musique russe, qui l’avait apprécié, mais sans pouvoir l’entendre (il était mort en 1908). De fait, la partition lui doit beaucoup, dans son foisonnement orchestral, de même qu’elle lorgne vers Tchaïkovsky. Elle annonce cependant aussi les fulgurances audacieuses des grands chefs-d’œuvre à venir.

Cédric MANUEL



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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