13 janvier 1944 : l’éléphant dans son barnum (âmes sensibles s’abstenir)
Instant classique – 13 janvier 1944… 76 ans jour pour jour. Dois-je le dire ? Dois-je oser ? Ne risqué-je pas de me faire arracher les yeux à la petite cuillère par les défenseurs des animaux ?
Même pas peur, car je dois affirmer très courageusement que je n’y suis strictement pour rien, moi, si le grand Igor Stravinsky a perdu son âme en écrivant cette courte pièce pour orchestre, s’il a offensé l’humanité et s’il brûle lui-même aux enfers pour un tel sacrilège. C’est pas moi, c’est lui. Et il a créé cette monstruosité un 13 janvier, il y a pile soixante-seize ans.
Oui, Stravinsky a osé composer, à la demande du chorégraphe George Balanchine (en voilà un autre odieux criminel !), cette polka grotesque pour le cirque Barnum ! Oui, un cirque… un cirque avec des VRAIS ANIMAUX DEDANS. Ignoble. Mais comme si ça ne suffisait pas, cette Circus polka a été réalisée POUR UN NUMÉRO d’ÉLÉPHANTS. Voilà, je l’ai dit. Consternant. Des éléphants qui dansent sous la direction de Balanchine et sur une musique composé pour eux par Stravinsky, j’imagine quand même que c’était des éléphants de première classe, au moins du rang de Babar !
Mais bon, laissons ça, tant de cruauté laisse sans voix. Et comme l’abomination ne suffisait pas, Stravinsky a même osé, à la toute fin, entraîner le pauvre Schubert qui ne pouvait pas se défendre, en citant l’une de ses célèbres marches militaires.
Jetons un voile pudique sur cette partition pachydermique (et fort courte !).