11 décembre 1873 : un austère qui ne se marre pas
Instant classique – 11 décembre 1873… 146 ans jour pour jour. Comme pour ses symphonies, Brahms a mis longtemps à venir au quatuor à cordes. Il craignait d’être ridicule en comparaison avec Beethoven, dont il considérait qu’il avait tout dit.
De fait, Johannes Brahms avait pensé à composer son premier quatuor dès sa rencontre avec Robert Schumann en 1853, alors qu’il avait à peine vingt ans. Il ne le réalise que vingt ans plus tard, à l’été 1873, alors qu’il se trouve à Lichtental, aux côtés de… Clara Schumann. Robert était mort depuis longtemps.
La partition était un kaléidoscope d’idées jamais creusées, d’élans non aboutis. Une bien difficile gestation. Cet été 1873, il pense enfin en avoir terminé, sous le regard sévère de Clara, qui l’encourage et devant laquelle il joue son œuvre nouvelle en privé, en même temps que ses Variations sur un thème de Haydn, à peine terminées.
Brahms dédie son quatuor à Theodor Billroth, l’un de ses proches amis, violoniste amateur de premier ordre, chef d’orchestre même mais avant tout grand spécialiste de chirurgie digestive, particulièrement respecté pour ses travaux et son enseignement en la matière. C’est le quatuor Hellmesberger qui créé l’œuvre en public à Vienne, ce 11 décembre 1873. Un accueil poli lui est fait. La critique et le public trouvent l’œuvre aride, austère, pas assez divertissante.
En quatre mouvements, comme c’est l’usage, ce quatuor assez sombre contient un mouvement lent appelé « Romanze », poco adagio, fort charmant, que je vous laisse découvrir, ici par le quatuor Takacs.