Quelle place pour la langue française dans le discours scientifique ?
Alors que le « global english » uniformise la pensée scientifique, de nombreux savants, dont l’académicienne Barbara Cassin, le biologiste Jean-Claude Ameisen ou le physicien Étienne Klein ont plaidé, lors d’un colloque organisé ce mois-ci par le ministère de la Culture et le réseau des Organismes francophones de politique et d’aménagement linguistiques (OPALE), pour réintroduire de la diversité linguistique dans la science.
Communiqué
« Croiser la question de la langue et celle des sciences » : c’est, selon Xavier Darcos, chancelier de l’Institut de France, le propos du colloque “Pour des sciences en français et en d’autres langues”, dont l’ambition est – entre autres – de « réintroduire de la diversité linguistique dans la science ».
Pour cela, l’un de ses principaux enjeux était de « définir de nouveaux objectifs pour garantir la place du français – et d’autres langues – dans le discours scientifique », précise Paul de Sinety, délégué général à la langue française et aux langues de France au ministère de la Culture. Retour sur une séquence importance de cette journée placée sous le signe du « plurilinguisme de la pensée ».
La francophonie, nouvel horizon pour les scientifiques
Le français est-il encore une langue de science ? Pour Pascale Cossart, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, la réponse ne fait pas de doute. « Le scientifique doit pouvoir parler de ses recherches en français grâce à une panoplie de termes adaptés, assure-t-elle. C’est là tout l’enjeu du travail que mène la Commission d’enrichissement de la langue française auquel participe l’Académie des sciences »
Selon elle, il faut privilégier trois modes de « transmission linguistique ». « Lorsque les scientifiques se rencontrent, dit-elle, la langue commune est bien l’anglais, car c’est la langue utilisée pour une compréhension mutuelle. En revanche, la langue du quotidien doit demeurer le français, même s’il est de plus en plus courant que les réunions de laboratoires se fassent en anglais. Enfin, et ce n’est pas le moindre rôle qu’il peut revendiquer, le français a une place importante à jouer en tant que langue de vulgarisation. »
La Francophonie constitue un autre horizon majeur pour le développement du plurilinguisme dans les sciences. L’enjeu est de taille, alors que le français pourrait avoir 700 millions de locuteurs dans le monde « à l’horizon 2050 ». Le Collège de France, où les professeurs sont tenus, depuis 1530, d’enseigner en français, l’a bien compris. La chaire Mondes francophones, créée en partenariat avec l’Agence universitaire de la Francophonie, a pour objectif principal, selon Thomas Römer, administrateur de la prestigieuse institution, de « mieux faire connaître l’enseignement de grandes personnalités de la Francophonie ».
L’ensemble de la communauté scientifique reconnait la nécessité de valoriser et développer la place du français au sein dans les formations scientifiques et dans l’activité de Recherche. Pour Isabelle Charest, ministre déléguée à l’Éducation et ministre responsable de la Condition féminine du Québec, « la science en français est une façon d’afficher qui nous sommes ». La ministre du Québec plaide pour « encourager les chercheurs francophones à travailler ensemble ».
Côté hexagonal, Frédéric Dardel, conseiller spécial de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, mentionne deux axes forts du prochain projet de loi pluriannuel de programmation de la recherche. « Référencer en ligne toute la production scientifique en français et favoriser la politique d’accès au web afin que cette visibilité fasse des émules parmi les jeunes générations », détaille-t-il.
Lire la suite du compte rendu sur le site du ministère de la culture.
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