Blanche Raynal et sa “Carte Blanche”, l’élégance d’une signature
« Tout est vrai ! » affirme Blanche Raynal au sortir de son spectacle. La comédienne est radieuse, et diffuse son bonheur discret. En créant Carte Blanche, elle s’est fait le plus beau cadeau qui soit en autorisant la femme qu’elle est devenue à se donner carte blanche pour relater sa carrière et surtout (dé)livrer un cœur en ballottage entre illusions et désillusions.
Le 4 avril dernier, au Théâtre du Marais, ce fut une première de qualité où flottait dans l’air un talent indéniable qui happe l’intérêt et séduit le cœur. La comédienne connue grâce à ses nombreux seconds rôles a fait de son seule-en-scène une réussite d’un bout à l’autre d’une vie rude qui a nécessité pugnacité et force de caractère. Elle ne se refuse rien et signe fièrement en bas de cette carte blanche, vierge de compromissions, un autoportrait drôle et authentique qui serre la gorge et ouvre grand les bras.
Blanche Raynal brûle les planches avec aisance. Elle y met le feu, alternant feu de joie et feu de Bengale, et y consume l’effigie de ceux qui ont orienté son feu-follet intérieur, tremblotant mais aux grandes ambitions. Blanche a pour père un militaire qui l’espère en robe de femme de loi. La jeune fille à la timidité pétrifiée ne veut pas se contenter d’une robe sombre alors qu’elle n’attend que de remplir de lumière son armoire à rêves. Avec les encouragements de sa mère et de sa sœur, elle s’imagine camper des personnages multiples et attachants, comme celui de Christine Rivière dans la série Une Femme d’honneur qu’elle incarnera pendant des années.
Blanche Raynal a entamé sa carrière par une prouesse : la désobéissance. Une désobéissance paternelle qui pousse le rêve à s’expatrier à Paris et à la mettre à l’épreuve de sa timidité. Vouloir jouer la comédie sans accepter d’être regardée ne peut que durer un temps. Le temps de faire de belles rencontres, comme celle d’Auguste Le Breton, l’inventeur du verlan, et d’autres, plus douteuses, qui auraient aimé profiter de son ingénuité, et encore d’autres comme des directrices de casting aux exigences décourageantes.
Qu’il est rude de s’imposer comme une comédienne dans un monde brutal à la concurrence déloyale. À la fin, il ne doit en rester qu’une pour un rôle, et c’est ce chemin parcouru pour être l’heureuse élue qui épuise les rêves, que seules les années accumulées semblent pouvoir gommer. Installée dans un âge certain, Blanche s’aperçoit que son image devient étonnamment plus claire, les rôles plus évidents.
Devenir comédienne est un merveilleux voyage au long court qui exige, pour ne pas sombrer, de garder le cap de l’estime de soi et de ses convictions. Blanche Raynal, par le choix de cette galerie de personnages réels, croqués avec facétie et finesse, l’écrit très justement et le joue avec conviction et sincérité. Son langage est sans artifice, débarrassé des oripeaux de la pudibonderie, et retrace les situations cocasses avec une bonne humeur communicative et une joyeuse autodérision.
La timidité, encore présente mais diluée par les épreuves douloureuses, offre un visage libéré et lumineux, ce qui donne un charme fou à son jeu. Son écriture ne heurte aucune sensibilité, elle réussit à faire passer les émotions avec simplicité et candeur, cette même candeur qui transparaît dans son regard enflammé par l’inépuisable combustible de l’amour.
Elle qui a raccroché son habit de princesse au porte-manteau du passé et qui « a mis longtemps à devenir jeune » offre à la maturité de ses rêves la promesse de beaux moments encore à venir !
Nathalie GENDREAU
DISTRIBUTION
Texte : Blanche Raynal
Mise en scène : Michèle André
Avec : Blanche Raynal
Musique : Maxime Richelme
DOSSIER TECHNIQUE
Informations techniques
- Durée : 1h
- Public : non renseigné.
- Page Facebook : Blanche Raynal
- Production : Crystal Productions au crystal56@sfr.fr
OÙ VOIR LE SPECTACLE ?
Tournée :
- Du 4 avril au 27 juin, les mardis à 19 heures : Théâtre du Marais.