Bilan 5/5. François Hollande et la culture : un rendez-vous manqué !
Que faut-il donc retenir du mandat de François Hollande à l’Elysée ? Depuis un mois, Profession Spectacle dresse un bilan minutieux et complet de l’action culturelle des différents gouvernements et des trois ministres qui se sont succédés rue de Valois. L’heure est à la synthèse finale !
Bilan du quinquennat de François Hollande : synthèse finale (5/5)
Circulez, il n’y a plus rien à voir. Le quinquennat s’achève dans la confusion la plus totale sur qui prendra la place de François Hollande à l’Elysée. Entre un président qui décide à la surprise générale de ne pas se représenter, un Premier ministre balayé par l’aile gauche de la gauche, un candidat de la droite embourbé dans les affaires, une extrême-droite en tête dans les sondages et un invité surprise (Emmanuel Macron), issu de la gauche mais qui semble en avoir honte… Difficile d’y voir clair sur ce qui nous attend.
En revanche, ce qui l’est beaucoup plus, c’est le bilan culturel de François Hollande ! C’est pourquoi depuis un mois, Profession Spectacle s’attache à lister les bons et les mauvais points, le plus objectivement possible ; mais force est de constater que l’enthousiasme et l’espérance de l’arrivée d’un président de gauche à l’Elysée se sont mués en déception et en une succession de frustrations, que les cadeaux de fin de mandat ne parviendront pas à faire oublier.
1. Budget : des baisses, des hausses et des tours de passe-passe
« La culture, François Hollande ne sait pas même pas ce que c’est. Il a autre chose en tête : il cherche à faire des économies partout », s’emportait en 2014 le cinéaste de gauche Philippe Lioret (Welcome, Le fils de Jean, Je vais bien ne t’en fais pas), dans Main basse sur la culture. A ce moment du quinquennat, c’est la rigueur qui est à la mode, et la culture ne fait exception, bien au contraire, avec une baisse de 4 % de l’enveloppe allouée au ministère en 2013 et 2 % en 2014. Du jamais-vu. « Nous sommes dans un monde aberrant où c’est la gauche qui baisse le budget de la culture, c’est complètement absurde », s’énervait le directeur de l’Opéra-Comique Jérôme Deschamps, toujours en 2014.
Les années suivantes ont tout de même vu la tendance s’inverser, pour atteindre symboliquement la barre du 1 % du budget de l’État en 2017. Un niveau « historique », selon Audrey Azoulay, mais qui cache un subterfuge, puisqu’il inclut des crédits d’impôts et des taxes qui n’étaient pas comptabilisées jusque-là.
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Budget : des baisses, des hausses et des tours de passe-passe
2. Filippetti, Pellerin, Azoulay : le carnet de notes des ministres
Question culture, ce ne sont pas “les hommes” mais “les femmes” du président qui étaient aux manettes. Et si l’on devait annoter le carnet de notes des trois locataires de la rue de Valois, les appréciations seraient sévères. Sont-elles toutefois les principales responsables de la faiblesse de ce bilan culturel ? L’absence de vision et de volonté politique au sommet de l’État n’a pas aidé.
Lorsque les premières coupes ont été décidées, Aurélie Filippetti n’a pas été capable de convaincre François Hollande d’épargner la culture. La faute, probablement aussi, à sa mauvaise entente de l’époque avec Jérôme Cahuzac, le ministre du budget du début de la mandature. « Si Filippetti et Cahuzac s’étaient mieux entendus, le budget aurait pu être meilleur, avec des conditions d’élaboration plus sereines. Là, la culture n’a pas été bien traité », s’agaçait-on à l’époque dans l’entourage de François Hollande.
Pour ce qui est de Fleur Pellerin, on peut lui reconnaître quelques succès mais, en bonne exécutante, elle n’a pas eu de vision claire et ne laissera pas son « empreinte », comme d’autres avant elle.
Enfin Audrey Azoulay, la ministre qui fait plus “de politique” que son prédécesseur : elle a tenté en fin de mandat de faire oublier les déceptions du début et de préparer le terrain pour une candidature du président sortant. En vain.
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Filippetti, Pellerin, Azoulay : le carnet de notes des ministres
3. François Hollande a-t-il tenu ses promesses ?
Profession Spectacle s’est amusé à passer au révélateur les propositions du candidat Hollande et celles réellement appliquées. Si certaines ont été tenues, une majorité ont été oubliées en chemin, voire ont connu un destin contraire : dans certains cas, comme pour le budget, c’est tout l’inverse qui a été fait.
Mais ce qui ressort de ces cinq années à l’Élysée, c’est surtout le manque de volonté présidentielle. A son arrivée, David Kessler est son conseiller culture. Normalien, agrégé de philosophie et ancien conseiller de Lionel Jospin, il a également été directeur du CNC et de France Culture. Lorsqu’il rejoint le président, il est alors directeur des Inrockuptibles et pousse François Hollande à aller sur le terrain, à aller à la rencontre des acteurs du secteur. Las, il finira par jeter l’éponge au bout de deux ans, remplacé par Audrey Azoulay.
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4. Intermittents : le bras de fer en quatre actes
C’est un passage obligé pour chaque gouvernement. Et celui-ci n’y a pas échappé, avec deux crises majeures et quelques avancées sur le sujet. Mais comme souvent, l’État, plutôt que d’aider à trouver une solution pérenne, a joué les pompiers, ajoutant au pot ce qu’il manque à chaque fois : des financements.
Résultat : si l’existence des annexes 8 et 10 des intermittents du spectacle à la convention d’assurance-chômage est désormais inscrite dans la loi comme une composante obligatoire des conventions d’assurance-chômage, rien n’est réglé pour autant.
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Intermittents : le bras de fer en quatre actes
Bilan : un équilibre précaire qui a un amer goût d’inachevé… de quoi susciter de nouvelles confrontations dans un futur proche ? Espérons que non.
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Le budget de la culture, thème certainement très important. Mais, néanmoins, voici mon vécu.
Un président-directeur de festival qui est rémunéré près de 10 000 euros par mois depuis des années pour organiser un festival qui dure trois jours et prend l’allure d’une vaste foire commerciale avec des recettes commerciales considérables et des subventions qui dépassent le million d’euros. Un directeur de lieu culturel qui ne rend aucun compte sur la qualité de sa gestion malgré des subventions importantes et qui ne rémunère pas (et ne déclare pas d’ailleurs) les artistes qui font des dizaines d’heures d’ateliers sous prétexte que ça contribue à leur spectacle (2 dates). Des artistes, rémunérés par Pôle Emploi Spectacles, qui travaillent gracieusement pour un directeur de compagnie qui utilise les subventions destinées à la jeune création pour faire ses cachets depuis des dizaines d’années…
Le montant des subventions est une question intéressante mais ne pourrait-on pas s’intéresser aussi à leur répartition et à leur utilisation ? C’est un sujet tabou dans nos métiers, mais, à mon avis, le malaise se situe d’abord à ce niveau-là.