L’e-sport, un avenir pour les techniciens de spectacle
Le jeu vidéo est non seulement un secteur culturel en pleine expansion économique, mais aussi un art de plus en plus reconnu par le public. La filière a donné naissance au sport électronique ou « e-sport » : ce sont des compétitions de très haut niveau entre joueurs ou équipes de joueurs professionnels. Face à des audiences de plus en plus importantes, la nécessité d’organiser des événements en « live » ouvre de nouvelles perspectives pour les professions du spectacle.
Plongée dans l’univers des scènes de League of Legends, Starcraft et Dota.
Des éditeurs de jeux organisent leurs propres tournois…
Pour les plus gros éditeurs, comme Blizzard (World of Warcraft, Starcraft, Overwatch) ou Riot (League of Legends), l’organisation d’événements sportifs et communautaires autour de leurs différentes licences ne représente pas une difficulté insurmontable : ils ont leur propre régie ou font éventuellement appel à de grands noms du secteur en marque blanche tels que Electronic Sports League et Major League Gaming.
Mais qu’en est-il des autres éditeurs, plus modestes ? Ils sous-traitent généralement leurs « events » à des boîtes comme l’ESL ou l’ambitieux Webedia en France, qui relaient les compétitions sur leurs plateformes. Enfin, les nombreux petits tournois amateurs ou semi-professionnels – comme la DreamHack, la Gamers Assembly ou Lyon e-Sport – bénéficient souvent du soutien officiel des éditeurs.
… qui nécessitent des techniciens polyvalents
Les techniciens qui travaillent sur de tels événements ne sont pas déroutés par l’organisation, similaire à celle d’autres secteurs du spectacle vivant : certains sont employés à plein-temps par les sociétés de production, quand d’autres ne sont que prestataires ou bénévoles. Si les profils et les compétences sont variés, les principaux besoins des organisateurs concernent la gestion du réseau et la production de contenu vidéo, pour les retransmissions sur Twitch par-exemple. La plupart du temps, la réalisation de ces streams passent par des sociétés externes ayant l’habitude de ce type de production, comme O’Gaming, Millenium, ou l’ESL.
Plus qu’un simple streaming, c’est un véritable plateau de télévision qui assure l’avant et l’après-match : réalisateurs, cameramen, régisseurs et commentateurs se pressent pour assurer le bon déroulement de la retransmission. Les ressources à disposition des organisateurs étant encore variables, le technicien à l’œuvre sur un événement d’e-sport doit donc surtout faire preuve d’un peu de polyvalence…
Si, en ce qui concerne les techniciens vidéo, les formations en audiovisuel et des connaissances dans les techniques de streaming sont évidemment un atout, le rôle du technicien réseau est également primordial : la réussite d’un tournoi dépend en grande partie de la qualité et de la stabilité de la connexion internet. Devant des milliers de personnes, en live ou regardant les matchs sur internet, pas question de « relancer la box » !
Des admins souvent bénévoles et passionnés
Qui dit sport, dit arbitre. Dans le milieu – informatique oblige ! – ils sont appelés « admins » (administrateur). À l’instar de leurs équivalents sur les terrains d’herbe et de terre battue, ils assurent le suivi des différentes compétitions, prennent parfois des décisions capitales (relancer un match suite à une coupure internet, disqualifier une équipe en retard, etc.)… une fonction pour l’instant assurée par des bénévoles.
Pour être recruté comme admin, pas de diplôme ! Seules l’expérience de la scène et la connaissance approfondie du jeu s’avèrent indispensables… Cette double compétence est partagée par les casters – les commentateurs des matchs – derrière un écran ou directement sur scène. Ces derniers, moteurs de l’excitation autour d’une partie, ne sont qu’une poignée à pouvoir vivre de leur emploi à plein-temps.
Clément Grandjean, manager chez Humanoid, nous avertit : « Méfiez-vous des ‘‘écoles e-sport’’ commençant à émerger. Elles sont rarement tenues par des noms reconnus de la scène ; les débouchés sont improbables ! » Pour travailler dans l’e-sport, rien ne vaut l’expérience, en tant qu’admin bénévole dans un petit tournoi par exemple.
Des techniciens intermittents ou auto-entrepreneurs
Si la filière ne bénéficie pas encore de reconnaissance officielle pour les admins et les joueurs professionnels, les Etats-Unis viennent néanmoins d’ouvrir une porte en décidant d’accorder des visas de sportifs de haut niveau aux joueurs pro de League of Legends.
Mais qu’en est-il des techniciens ? La plupart d’entre eux exercent soit en tant qu’auto-entrepreneurs, soit en tant qu’intermittents du spectacle auprès de prestataires. Les tarifs des prestations sont généralement similaires à ceux pratiqués lors de spectacles plus… « classiques ».
Maël LUCAS
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Remerciements à Clément Grandjean, ancien journaliste à Millenium et organisateur d’événements au Meltdown Esports Bar, aujourd’hui manager chez Humanoid.