Paris accueille ce week-end le plus grand événement national dédié au court-métrage
Du 15 au 18 décembre 2016 a lieu, au Carreau du Temple, la Fête du court-métrage, à l’initiative de l’association Faites des courts, fête des films, et en partenariat avec le CNC. La manifestation, qui s’exporte pour la première fois en régions, présente évidemment l’avantage de pouvoir découvrir des courts-métrages (plus de 120 cette année), mais aussi d’approfondir ses connaissances et de voir l’envers du décor (littéralement) des tournages de ces objets cinématographiques bien particuliers.
Au Carreau du Temple, on rentre ce jeudi 15 décembre dans une halle bien réaménagée par les techniciens de la fête : un peu partout, du matériel audiovisuel s’entasse dans les recoins, les faux décors qui serviront à accueillir les différents ateliers se montent encore et les différentes agences présentes se préparent à recevoir leurs visiteurs. Pour les âmes créatrices qui ne savent pas encore vers qui se tourner pour concevoir, écrire, filmer, distribuer leurs courts-métrages, nul doute que l’endroit est une réponse en soi exhaustive à toutes leurs questions.
Un événement qui réunit l’ensemble de la profession
Des ateliers participatifs autour de chacune des lignes de métiers du cinéma sont mis en place (cascade, fond vert, jeu d’acteur, son, maquillage, doublage, scénario, réalité virtuelle, etc.) ; l’on pourra également assister au tournage et au montage en direct et en public de deux films… De nombreuses rencontres et conférences sont prévues, par et avec les organisations professionnelles présentes sur place : le CNC bien sûr, mais aussi la Maison du Film Court, l’Agence du Court-Métrage, Unifrance, Arte, Canal+, le G.R.E.C., France Télévisions, le Syndicat des Producteurs Indépendants, la SACD, l’Association du Cinéma français d’Animation, l’académie des césars et d’autres encore.
Parmi les intervenants, citons Philippe Lioret, réalisateur entre autres de Je vais bien ne t’en fais pas (2006) et Le Fils de Jean (2016), l’auteure de Tu mourras moins bête pour Arte, Marion Montaigne, ainsi que les Studios Bagel, Jamel Debbouze – au motif du partenariat de son association Les Amis du Comedy Club avec le dispositif du CNC Talents en Court –, ou bien encore les parrains de la Fête du Court-Métrage 2016, l’humoriste et comédienne Bérangère Krief et le comédien Vincent Lacoste.
Grands enjeux du court-métrage dans le monde actuel
Avec un tel programme, c’est bien une véritable fête du cinéma dans son format le plus populaire qui s’ouvre ce vendredi 16 décembre. En prélude au festival, le jeudi 15 présentait la journée professionnelle du ROC, Regroupement des Organisations du Court, dont Profession Spectacle a publié le compte rendu aujourd’hui. L’occasion, à travers deux débats organisés dans l’après-midi, de se rendre compte de la réalité du court-métrage aujourd’hui. Les deux tables rondes avaient pour sujet l’accompagnement de l’écriture des courts-métrages aujourd’hui, ainsi que la question de la rémunération et de la visibilité des courts-métrages sur internet.
La première conclusion que l’on peut tirer d’un aperçu des interventions, c’est que la réalité du milieu est probablement moins rose que le CNC et les grandes institutions se plaisent à l’avancer. Au cours de la première table ronde, une légère tension semble déjà s’installer, lorsque l’auteure et réalisatrice Aude-Léa Rapin et la scénariste Cécile Vargaftig tiennent tête au directeur de la création, des territoires et des publics du CNC Julien Neutres sur la question du manque de soutien aux auteurs, remettant en cause la politique de « formation permanente » des autorités et décrivant le scénariste comme « l’éternel stagiaire de la production cinématographique ».
Le court-métrage : levier du cinéma à venir
Tandis que les politiques publiques semblent se féliciter du nombre d’initiatives et de dispositifs existant pour faire émerger les « petits auteurs », il apparaît que le chemin semble encore loin d’être aisé pour combiner rémunération des scénaristes, faisabilité des tournages et visibilité dans la diffusion. Les enjeux du court-métrage sont changeants et déterminants aujourd’hui, puisqu’il s’agit d’un format artistique qui, par nature, présente à la fois une grande créativité et une grande dépendance aux aides ou à la bienveillance de producteurs volontaires. S’il est encore difficilement imaginable de trouver des mécaniques de rentabilité réelles pour les courts, c’est pourtant ces objets qui permettent le plus souvent la reconnaissance des talents de demain…
Maël LUCAS
Crédits Photo : Maël Lucas