Tobias Weber, réalisateur du 1er film interactif au format cinéma
Late Shift, réalisé par Tobias Weber et présenté dans la section Panorama Suisse du Festival du film de Locarno, est le tout premier film interactif au format cinématographique qu’il est possible de regarder et d’influencer sur sa tablette. Un film que l’on peut découvrir lors d’événements cinématographiques participatifs. Le public du Festival de Locarno a eu la chance de participer à une expérience collective unique et inhabituelle.
Comme la plupart des films, Late Shift a un commencement, des héros, une intrigue et des moments clés. Le film propose toutefois d’innombrables histoires et sept fins différentes. Les spectateurs peuvent créer leur propre histoire, basée sur leurs décisions. Le personnage principal de l’histoire s’appelle Matt. C’est un étudiant brillant qui doit prouver son innocence après avoir été forcé de voler une célèbre société de vente aux enchères londonienne. Voilà le début, mais quelle sera la fin ?
D’où vous est venue l’idée de réaliser un film interactif au format cinématographique ?
Tobias Weber – C’est difficile à dire, c’est quelque chose qui me fascine depuis longtemps. L’idée vient peut-être de mon enfance, des livres d’aventures niais que je lisais et des jeux vidéo auxquels je jouais. En tout cas, les films interactifs et la possibilité de donner le choix au public étaient de pistes que je voulais explorer, le contenu m’intéressait particulièrement. Je tenais à montrer la relation entre des décisions et leurs conséquences dans la vie et démontrer que l’on est responsable de sa vie et de ses actions. Sans juger le public, je voulais leur donner tous les choix et les confronter aux conséquences de leurs décisions. C’est ce qui m’a motivé.
Vous avez mis l’accent sur la ‘’qualité cinématographique” du film. Est-ce cette qualité qui différencie Late Shift des autres films interactifs ?
Nous avons commencé avec une histoire linéaire. Mais nous savions que nous voulions créer un film interactif. Au début, nous avions la structure générale, le délit, le coupable et la logique. Nous avons ensuite commencé à développer les variations. Nous avons travaillé en collaboration avec Michael Robert Johnson, avec qui j’ai écrit l’histoire. Bien sûr, ce n’est pas le premier film interactif, mais le fait que le film ne s’arrête jamais, qu’il tourne constamment est ce qui rend Late Shift spécial. Cela n’avait jamais été fait dans les salles de cinéma auparavant. Le déroulement de l’histoire est un élément important : l’histoire se déroule sous les yeux du spectateur. Il a l’impression que c’est un film qu’il peut contrôler. Voilà pourquoi nous parlons de format cinématographique. Nous avons maintenu des standards de production élevés, car nous voulions faire du vrai cinéma, avec un plus.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur l’évènement cinématographique participatif du projet Late Shift ?
Nous étions très surpris d’apprendre que l’indice social était aussi bon, que tout fonctionne bien. Dans un certain sens, le projet tend vers l’événement cinématographique, comme une projection avec orchestre live par exemple. Je pense que c’est la même idée et c’est un événement, car je suis toujours nerveux quand je me demande si cela va marcher. Il ne s’agit pas d’une projection unique, c’est quelque chose de différent à chaque fois. Ma nervosité montre bien que c’est un événement.
Propos recueillis par Giorgia DEL DON