9 mars 1785 : Mozart et son concerto de l’enfance
Instant classique – 9 mars 1785… 234 ans jour pour jour. Datée du 9 mars, 1785, la partition du vingt-et-unième concerto pour piano de Wolfgang Amadeus Mozart est à n’en pas douter l’une des plus célèbres de toute la production du génie salzbourgeois, et pas seulement dans la catégorie des concerti pour piano.
Qui ne connaît pas, par exemple, le fabuleux andante, entendu un nombre incalculable de fois dans des films (dont Elvira Madigan de Widerberg, dont on donne parfois le nom au mouvement) ou des publicités ; c’est ce qu’on appelle un tube. Mozart y imprime un ton gracieux et même majestueux, tendre et même amoureux. Bien que rabâchée partout, l’œuvre suscite l’admiration de bien des compositeurs jusqu’à Olivier Messiaen.
Outre l’andante céleste, ce concerto a pour moi une autre saveur (et on me pardonnera cette petite entorse autobiographique assez peu intéressante en soi, mais cela rappellera peut-être des choses à certains d’entre vous), puisque le premier mouvement contient une petite ritournelle qui servit, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, à introduire une émission pour les enfants qui faisait partie du programme de Récré A2 et qui s’appelait « mes mains ont la parole ». L’idée était de raconter une histoire aux plus petits avec une voix-off et une personne à l’écran qui la racontait aussi dans le langage des signes. Ce doit être aussi, je pense, ma première rencontre avec Mozart, bref, une espèce de madeleine de Proust.
Voici donc ce concerto paradisiaque dans sa version intégrale, dans une interprétation assez curieuse. Ce n’est sans doute pas la meilleure, mais elle réunit deux géants qui ne jouent pas si souvent ensemble, Riccardo Muti et Maurizio Pollini. Ce dernier était par ailleurs l’un des proches amis du regretté Claudio Abbado.
Riccardo Muti est plus impérial que jamais à la tête du Philharmonique de la Scala, qu’il tenait avec raison à faire jouer hors de la fosse — tradition largement reprise aujourd’hui par Riccardo Chailly — peu de temps avant la rupture entre le chef et la Scala. Maurizio Pollini, qui est un artiste profondément attachant, est un autre « cas » : voyez son hyper concentration. Il est parti ailleurs, il n’est plus là, il vole. Il n’est tellement plus là qu’il chante…