9 juin 1865 : Joyeux anniversaire, Albéric !
Instant classique – 9 juin 1865… 155 ans jour pour jour. Aujourd’hui, hommage à quelqu’un que je considère comme l’un des plus grands compositeurs de la fin du XIXe et du début du XXe, et pas seulement pour la France, Albéric Magnard.
Il y a bien sûr des chances que vous n’en ayez jamais entendu parler et c’est infiniment regrettable. Ou alors, vous n’en connaissez sûrement que la fin, puisque Magnard est mort tragiquement en 1914, en défendant seul sa maison de Baron, dans l’Oise, contre les Allemands qui y ont mis le feu. C’est aussi pour cela que la ville de Paris a débaptisé la rue Richard-Wagner en 1927, pour en faire une rue Albéric-Magnard dans le XVIe.
Albéric Magnard est donc né voici tout juste 155 ans à Paris, dans le XVIIIe arrondissement. C’est le fils de Francis Magnard, directeur du Figaro, et d’Emilie Bauduer, qui meurt alors qu’Albéric n’a que quatre ans. Destiné à devenir avocat, c’est une représentation de Tristan et Isolde qui le foudroie : il sera musicien et entre au Conservatoire très tardivement.
Compositeur hors normes, parfois appelé « Bruckner français », ses œuvres sont d’une profondeur et d’une séduction remarquables. Il est vraiment infiniment regrettable que les très conservateurs programmes des concerts ne lui accordent pas davantage de place. Mais c’est aussi, disons-le, parce que l’homme, complexe, faisait tout pour qu’on l’ignore ou pour être oublié. C’était aussi un homme épris de justice, féministe, dreyfusard, féroce avec tout ce qui pouvait incarner la réaction ou le conservatisme. C’est d’ailleurs en hommage au capitaine Dreyfus qu’il écrit au début du XXe siècle ce merveilleux Hymne à la Justice, partition phare qui me paraît très caractéristique de cet homme et dont je vous recommande l’écoute, interprétée ici par l’un de ceux qui a beaucoup fait pour le réhabiliter, Michel Plasson.