9 août 1950 : n’oublions pas Miaskovsky
Instant classique – 9 août 1950… 70 ans jour pour jour. Le 9 août 1950, après une brève lutte contre le cancer, le compositeur Nikolaï Miaskovsky s’éteint à Moscou à l’âge de soixante-neuf ans. Il est loin d’être aussi connu que ses contemporains Stravinsky, Prokofiev (dont il était un ami très proche) ou Chostakovitch, quoi qu’il partage avec ce dernier une sombre destinée : Chostakovitch est lui aussi mort un 9 août (1975, nous en parlerons l’an prochain), et lui aussi à soixante-neuf ans…
Si Nikolaï Miaskovsky est moins célèbre que les autres compositeurs cités, c’est peut-être aussi parce qu’il est considéré comme le « père de la symphonie soviétique », et qu’il a obtenu à lui seul davantage de prix Staline que tous les autres. Évidemment, cela suffit à en faire un suppôt du régime, d’autant qu’il a enseigné au conservatoire de Moscou pendant près de trente ans. On a cependant oublié qu’il était très populaire aux États-Unis où plusieurs de ses œuvres ont été créées et où il était plus célèbre que bien d’autres compositeurs de renom.
Miaskovsky était fondamentalement anti-stalinien, mais il n’a jamais eu le courage – disons le – de se lever contre le régime ou de le fuir, et le régime ne l’a pas harcelé comme il a pu le faire avec d’autres, Chostakovitch en tête et même Prokofiev, véritablement détenu dans une prison dorée dès son retour en URSS. À la fin de sa vie cependant, il est accusé, tout comme Chostakovitch, Prokofiev, Khatchaturian et d’autres de produire de la musique « formaliste » et « anti-soviétique » et donc « anti-prolétaire ». Cette fois, le compositeur juge que c’en est trop. Il refuse de se montrer devant l’Union des compositeurs pour y faire acte de repentance et son autocritique (ce que Chostakovitch et Prokofiev feront). Il est donc déchargé de ses fonctions, évitant néanmoins le pire, et ne sera réhabilité qu’après sa mort.
On lui doit vingt-sept symphonies, son œuvre majeure, mais aussi pas mal de musique de chambre. Les influences sont nombreuses, notamment issues de la grande tradition russe, comme ce très élégant et très charmant deuxième mouvement de la Seizième symphonie, écrite à la mémoire de l’équipage et des passagers de l’avion « Maxime-Gorki », gros porteur qui s’est écrasé en 1935, et qui est connue depuis comme l' »aviation-symphony ».