8 avril 1876 : Le perfectionniste Amilcare Ponchielli et sa Gioconda insatisfaite
Instant classique – 8 avril 1876… 142 années jour pour jour. Amilcare Ponchielli s’était vu passer commande par les éditions Ricordi d’un nouvel opéra en collaboration avec Arrigo Boito pour le livret. Le choix de ce dernier porta sur une adaptation de l’Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugo, qui avait déjà servi à Sevario Mercadante.
Amilcare Ponchielli mit plus d’un an à composer une partition à laquelle il ne consacra pas toute son énergie. Il avait néanmoins toutes les raisons d’être satisfait du triomphe remporté par son œuvre lors de la création à la Scala de Milan, il y a tout juste 142 ans.
Mais point de satisfaction : Amilcare Ponchielli corrigea plusieurs pages de sa partition, coupant, réécrivant, ajoutant, puis recommençant encore après une première reprise, sept mois à peine après la première. La version définitive paraîtra en 1880 seulement. Il eut la sagesse d’arrêter là.
Œuvre exigeante par les moyens vocaux qu’elle requiert, La Gioconda doit tout à Giuseppe Verdi ou presque. Les grands moments y sont nombreux, le sens mélodique y est évident, les ensembles saisissants ; sa musique de ballet, la fameuse danse des heures immortalisée par les hippopotames, autruches et crocodiles du Fantasia de Disney, est l’un des rares extraits dansés d’un opéra que tout le monde connaît.
Pourtant, point de « Suicidio ! », air légendaire de l’héroïne ; point de danse des heures, pas davantage de « O monumento » du méchant Alvise, Iago avant l’heure. Voici plutôt le grand ensemble final de l’acte III, particulièrement remanié par le compositeur, ici porté par une belle distribution dominée par Renata Tebaldi, à New York en 1967.