8 avril 1854 : À l’abordage !

Publicité

8 avril 1854… 167 ans jour pour jour – Berlioz compose une courte œuvre symphonique, de type ouverture, qui célèbre la tour de Nice… Mais finalement, non, il se ravise. Cette musique – qui n’a pas changé d’une note – parle à présent du corsaire Conrad, de sa maîtresse Medora et de l’exotique Gunare. Un chef-d’œuvre d’énergie et de concision.

L’une des preuves que la musique ne « décrit » rien en particulier, c’est qu’on peut utiliser un même morceau avec deux titres différents, qui n’ont rien à voir, et on n’y verra que du feu. Ainsi Hector Berlioz, tout auréolé de sa triomphale symphonie fantastique et pensionnaire éphémère de la Villa Médicis à Rome, songe-t-il dès 1831 à une courte œuvre symphonique, de type ouverture. Il n’ira alors pas beaucoup plus loin.

Treize ans plus tard, il y revient, et baptise sa partition La tour de Nice, ville qu’il aimait par-dessus tout. Il la présente au Cirque olympique à Paris en 1845. Mais rien à faire, ça ne lui va toujours pas. Il laisse à nouveau passer dix ans et la reprend une nouvelle – et dernière – fois. À présent, il lui donne le titre de Corsaire, en référence au roman de lord Byron, qu’il avait lu à Rome (il faut néanmoins noter que ce point est très contesté par certains spécialistes de Berlioz…). La même partition, qui évoquait une tour de Nice, parle à présent du corsaire Conrad, de sa maîtresse Medora et de l’exotique Gunare… L’ouverture est pleine d’entrain, mais aussi de mystère et de séduction, c’est l’un de ses chefs-d’œuvre d’énergie et de concision.

Comme il en prend l’habitude, Berlioz la présente en Allemagne, à Brunswick, lui qui est si souvent mal accueilli dans son propre pays. Il a entrepris le voyage dans plusieurs villes d’Allemagne après la mort de sa femme Harriett Smithson, son amour foudroyant vingt ans plus tôt, qui était devenue une mégère épaisse et jalouse, qu’il ne pouvait plus supporter (mais qui supportait-il ?…).

Voici ce petit bijou vigoureux sous la baguette du grand redécouvreur de Berlioz au milieu du XXe siècle… l’Anglais Colin Davis… De quoi faire se retourner Surcouf dans sa tombe !

Cédric MANUEL

 



À chaque jour son instant classique !
Rubrique : éphéméride



 

Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *