8 août 1942 : il y a 77 ans, une sombre fable à l’Opéra de Paris
Instant classique – 8 août 1942… 77 ans jour pour jour. À l’été 1940, la France est dans l’état qu’on sait. Le directeur de l’Opéra de Paris, Jacques Rouché commande à Francis Poulenc un nouveau ballet, qui sera le dernier du compositeur.
L’argument s’appuie sur six fables de La Fontaine, que Poulenc adorait, et c’est Paul Éluard, l’un de ses amis, qui trouve le titre un peu énigmatique du ballet : Les animaux modèles. Comme chez La Fontaine, les animaux sont très humains et il les projette dans la cour d’une ferme (le lion devient alors un jeune homme !) où il se passe bien des choses, y compris, avant la fin faussement sereine et à l’atmosphère soudain très lourde autour d’un repas, un combat de coqs très expressif et violent que l’écrivaine Colette a qualifié de « sanguinaire ».
L’œuvre est accueillie triomphalement lors de sa création. C’est Serge Lifar qui règle la chorégraphie et le tout est placé sous la direction de Roger Désormière.
C’est une œuvre assez sombre, ce que l’on peut comprendre vu l’ambiance générale. Même les passages plus animés n’ont pas le côté un peu déjanté que l’ambivalent Poulenc avait parfois. Il paraît également que le compositeur y avait malicieusement inséré une phrase musicale tirée de la chanson « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine », qui aurait échappé à la censure. Je n’ai pas pu le vérifier et en tout cas, je ne crois pas qu’on l’entende dans la suite pour orchestre proposée ici, que Poulenc a tirée de son ballet.
Il faut réécouter cette œuvre. C’est un petit bijou passionnant qui mérite davantage qu’un coup d’oreille et qui gagnerait grandement à être proposée au concert !