8 août 1882 : Tchaïkovsky fait boum-boum à Moscboum
Instant classique – 7 août 1912… 106 années jour pour jour. Nikolaï Rubinstein avait demandé en 1880 à Piotr Ilitch Tchaïkovsky de composer une œuvre pour l’un des événements suivants : soit pour l’Exposition industrielle et artistique de 1882, soit pour le 25e anniversaire du règne d’Alexandre II en 1880 (il allait être assassiné en 1881), soit pour la consécration de la cathédrale du Saint-Sauveur à Moscou.
De très mauvaise grâce, Piotr Ilitch Tchaïkovsky choisit l’Exposition, pour laquelle il écrivit une œuvre commémorant dans le même temps le 70e anniversaire de la bataille de la Moskova… Victoire revendiquée par les Français puisqu’elle ouvrit à Napoléon la route de Moscou, mais aussi par les Russes qui considèrent qu’ils se sont retirés pour mieux attirer Napoléon dans le piège moscovite, puis dans la désastreuse retraite.
« Que peut-on écrire pour l’inauguration d’une exposition, à part de bruyants lieux communs ? », écrivit Tchaïkovsky à son amie Mme von Meck. Pour ce qui est du bruyant, il a en effet réussi un parfait chef-d’œuvre : bataille d’hymnes pour figurer les armées adverses (échos de la Marseillaise de plus en plus déstructurée, et « Dieu sauve le Tsar » triomphant, sur le modèle de la Victoire de Wellington de Beethoven), cloches, canon… et j’en passe. Je vous fais quand même grâce du chœur de louanges.
Le compositeur doux et sensible qu’était Tchaikovsky n’a pas fait dans la dentelle. Et tant qu’à y être, autant choisir une interprétation qui ne cherche pas à rendre une partition plus subtile qu’elle ne l’est. Riccardo Muti fait donc allègrement boum-boum lui aussi, mais avec des canons plus discrets que d’autres enregistrements. Ouf !