7 juillet 1747 : un traité d’architecture
Instant classique – 7 juillet 1747… 273 ans jour pour jour. Au printemps 1747, Bach a soixante-deux ans. Il arrive à la fin de sa carrière et de sa vie. Son œuvre se concentre donc sur ce qu’on pourrait appeler l’art pour l’art : Bach fait du contrepoint, s’amuse à bâtir de grandes constructions abstraites qui n’ont pas d’autre but que cet exercice tout à fait mathématique.
Il en est ainsi de « L’offrande musicale », longue série de variations et de canons autour d’un thème unique. C’est le roi Frédéric II de Prusse lui-même qui lui avait passé cette commande. Jean-Sébastien Bach avait été reçu le 7 mai par l’entremise de son fils Carl Philip Emmanuel, compositeur de la Cour depuis 1740. Bach aurait là improvisé devant Frédéric une fugue à trois voix.
Une fois reparti de Potsdam et rentré à Leipzig, Bach se met au travail. C’est l’une des quelques rares partitions sur laquelle figure une date : 7 juillet 1747. Elle est bien sûr offerte (d’où son nom) et dédiée au roi.
La partition est formée de deux « Ricercari » (sur la base du mot RICERCAR, rechercher, mais qui ici signifie : « Regis Jussu Cantio Et Reliqua Canonicae Arte Resoluta », qu’on pourrait traduire par exemple comme « Morceau réalisé par ordre du roi et autres morceaux résolus suivant l’art du canon »), dix canons et d’une sonate en trio. Tout ceci se mêle et s’entremêle pendant plus d’une heure.
C’est le célèbre Ricercare à six voix que je vous propose ici. Il est accompagné de deux canons : l’un à deux voix, l’autre à quatre. Ce qui fait six. Au-dessus du premier canon à deux voix, il est écrit « Quaerendo invenitis » (recherchez et vous trouverez). Mystère et boule de gomme, mais cette partition reste l’une des plus célèbres de Bach. Il n’a pas dit pour quelle instrument elle était faite (Webern l’a transposée pour orchestre), j’ai donc choisi le piano seul qui en retranscrit mieux, je trouve, la profondeur. Profondeur, certes, mais ce systématisme un peu froid, je l’avoue, me laisse de marbre. Mais je sais que ce ne sera pas le cas de certain d’entre vous !