7 février 1908 : Alouette je te plumerai
Instant classique – 7 février 1908… 112 ans jour pour jour. Georges Enesco a vingt ans lorsqu’il compose, en 1901, sa première rhapsodie roumaine, qui deviendra vite l’une de ses œuvres les plus célèbres. Tellement célèbre que l’intéressé a fini par s’en émouvoir un peu. On ne sait pas exactement quand la création a eu lieu, mais en tout cas, elle a été donnée à Paris il y a tout juste cent douze ans.
Cette œuvre brillante emprunte à d’innombrables thèmes du folklore roumain (c’est un peu le principe d’une rhapsodie, d’ailleurs), mais recourt aussi à une spécialité des musiciens roumains, qui est de reproduire très fidèlement certains sons, en particulier le chant des oiseaux.
L’œuvre commence avec une mélodie basée sur un air connu qui dit en substance : « J’ai une pièce, je veux la boire ». Suivent d’autres danses et chansons comme « le petit bourgeon » ou encore « le petit berger », avant que se déchaîne la ronde des moulins sur un rythme endiablé. Puis on entend le fameux chant de l’alouette (Ciorcilia) qui, comme on le sait, annonce le jour. Une « jumātate de joc » (« moitié de jeu ») vient alors conduire à la fin de la rhapsodie.
Voici cette œuvre séduisante sous la baguette un rien extravertie (presque bernsteinienne !) de Sergiu Celibidache, qui a alors soixante-six ans. Il est tellement à son affaire ici, puisqu’il est chez lui à Bucarest (bien qu’il se considérait comme apatride), qu’il en oublie presque qu’il est en concert. Il grogne, rugit, siffle, gronde comme s’il était en répétition. Mais quelle énergie, alors qu’il dirige par cœur, cette œuvre pleine de recoins, d’éclairs et de joie !