6 février 1930 : tout d’une grande !
Instant classique – 6 février 1930… 91 ans jour pour jour. Albert Roussel compose une suite relativement brève pour petit orchestre… Mais c’est du grand Roussel, imaginatif, bigarré, passionnant !
Petite, la suite opus 39 d’Albert Roussel ? Ça dépend un peu de quel côté on se place ! Certes, elle est plutôt composée pour un petit orchestre et elle est relativement brève (mois d’un quart d’heure). Mais pour le reste, c’est du grand Roussel, imaginatif, bigarré, passionnant. Trois mouvements la composent : aubade, ouverture joyeuse et colorée, à laquelle succède la pastorale, poème contemplatif et doux. Et enfin une mascarade un peu ironique tout aussi colorée que l’aubade initiale mais qui s’achève sur un diminuendo et pas du tout sur une sorte d’apothéose. Il vous a bien eu, hein ?
C’est une œuvre subtile et fascinante, trop peu jouée aujourd’hui, mais qui a été créée voici tout juste 91 ans aux concerts Straram, à Paris. Ces concerts portent le nom de Walter Straram, leur producteur et chef d’orchestre, qui les a créés en 1925 sur le modèle des concerts Amoureux ou Colonne, et qui disparaîtront avec lui, en 1933. C’était un peu comme l’orchestre du festival de Lucerne aujourd’hui : l’orchestre des concerts Straram réunissait la fine fleur des orchestres parisiens. On le sait peu, mais c’est lui qui a créé le Boléro de Ravel… et c’est aussi l’orchestre qui jouera le premier Ring de Richard Wagner chanté dans sa langue originale et non pas traduit en français en 1929.
En tout cas, cet orchestre féru de musique contemporaine à l’époque servira parfaitement Albert Roussel, dont il a créé, outre cette « Petite suite », le Concert pour petit orchestre.
Il n’y a pas d’enregistrement de la Petite suite par cet orchestre (du moins je n’en ai pas trouvé), mais l’interprétation de l’ensemble orchestral de Paris, beaucoup plus récente, ne manque pas de sel.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »