6 décembre 1880 : Tchaïkovsky, l’Italie, ça le botte
Instant classique – 6 décembre 1880.. 139 ans jour pour jour. Tchaïkovsky aimait l’Italie. C’est même le pays qu’il préférait. Alors qu’il y effectue un séjour au début de 1880, il assiste aux fêtes du carnaval à Rome et entreprend d’écrire une œuvre pour orchestre qui intégrerait différents thèmes entendus alors, sur le modèle de ce que Glinka avait fait en Espagne.
Comment dépeindre l’Italie en musique lorsqu’on vient de Russie ? En s’imprégnant des pieds jusqu’à la tête de ce qu’on y voit et de ce qu’on y entend. « Ce sera une œuvre pleine d’effets grâce aux thèmes ravissants que j’ai pu rassembler, certains étant pris dans des recueils, d’autres entendus dans la rue », écrit-il à Mme von Meck, son amie.
L’œuvre s’ouvre donc par une sonnerie toute militaire entendue par l’auteur près d’une caserne de cuirassiers (ceux du Quirinal ?). Puis on entend une chanson populaire, une sicilienne mélancolique, avant l’arrivée d’une grande fête très dansante. On imagine les cris, les rires, les chants, la lumière, cette lumière qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Un bref retour de la triste sicilienne ne sert que d’antichambre à une tarentelle endiablée. Et dès lors, vous qui êtes tombés sur le soleil, il ne vous quittera plus.
Le Capriccio italien, c’est son nom, est créé à Moscou le 6 décembre 1880 (calendrier julien, je suppose, et donc le 18 décembre dans notre éphéméride, et par -20° j’imagine !), sous la direction de Nikolaï Rubinstein.
Pour jouer cette séduisante page du Sud par un homme de l’Est, voici un orchestre du Nord (Oslo), dirigé par un chef du Nord-Est, Mariss Jansons. Ça déménage : on n’imagine pas cette page jouée lentement. Ce serait une faute de goût. Pire, un manque d’esprit. Voire un crève-cœur.