5 novembre 1939 : la “symphonie sans tête”
Il y a 82 ans tout rond, Chostakovitch présente sixième symphonie à Léningrad : une œuvre qui comporte tant de surprises que les critiques n’y comprennent rien, se montrent assez durs et la qualifie de « symphonie sans tête ».
Il y a quatre-vingt-deux ans pile, Dimitri Chostakovitch présente sixième symphonie à Léningrad. Ce n’est pas encore la guerre, mais c’est déjà la terreur. Tout le monde est pris de court, car le compositeur avait annoncé une grande fresque avec chœur à la mémoire de Lénine. C’est dire si on s’attendait à du lourd… Le public a d’abord dû être surpris par la modestie de l’effectif orchestral par rapport à cette annonce : seules les percussions sont élargies. Le reste est assez proche de l’effectif romantique classique à peu de choses près.
Passée cette première surprise, voilà que le même public entend d’entrée un vaste largo désolé, d’une beauté sépulcrale qui regarde vers Mahler ou Sibelius.
Troisième surprise : après cela, il n’y a « que » deux mouvements et non pas trois. Un allegro assez vif, mais plus dur que joyeux, et enfin l’extraordinaire presto final, bondissant et tourbillonnant, qui pourrait illustrer la rencontre entre Rossini et Tex Avery… Du coup, les critiques, qui n’y comprennent rien, se montrent assez durs, parlant d’une « symphonie sans tête ».
Ce 5 novembre 1939, c’est le très hiératique Evgeny Mravinsky, patron de fer du philharmonique de Léningrad, qui dirige la création. Quelques années plus tard, un autre concert est capté avec le même chef, et j’ai donc choisi ce fameux presto qui égaiera cette journée grise. Mravinsky s’y montre moins burlesque que grinçant, mais cette version n’en reste pas moins l’une des plus échevelées (et l’une des plus rapides) de la discographie.
Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »