5 mars 1949 : à défaut de viole d’amour, prenez le violoncelle
Instant classique – 5 mars 1949… 71 ans jour pour jour. Voilà soixante-et-onze ans était créée la très belle seconde sonate pour violoncelle de Nikolaï Miaskovsky, l’une de ses meilleures œuvres pour musique de chambre (lui qui est surtout connu pour ses symphonies, mais aussi pour ses quatuors), de facture très classique dans ses mélodies et harmonies pour l’époque, mais aussi d’un grand pouvoir de séduction, sans artifice. C’est du moins mon avis.
Nikolaï Miaskovsky, bien peu connu par ici, a alors soixante-huit ans et il est un des compositeurs fétiches du régime soviétique, même s’il a été lui-même menacé, au moment de la composition de cette partition, par la campagne « anti-formaliste » de Jdanov.
Mais à l’origine, cette seconde sonate pour violoncelle était écrite pour viole d’amour. Cet instrument ressemble à un gros violon avec cinq ou sept cordes, produit un son plutôt grave et chaleureux, lointain successeur de la viole, très utilisé au siècle des Lumières et dans la musique baroque, notamment chez Bach qui appréciait cet instrument.
Mais très vite, sans doute par commodité, la partition de Miaskovsky est transcrite pour alto (instrument le plus proche) par Borissovsky, le légendaire altiste du non moins légendaire quatuor Beethoven, avant d’être chipée par les violoncellistes (M. Rostropovitch en tête) et de prendre sa forme définitive. C’est d’ailleurs Rostropovitch qui crée l’œuvre ce 5 mars 1949.
Mais il y a bien sûr d’autres grands interprètes de cette sonate globalement très tendre (le dernier mouvement, le plus court, étant beaucoup plus animé), comme ici la grande Natalia Gutman.