5 janvier 1892 : un Brahms tendre et bienveillant
Instant classique – 5 janvier 1892… 128 ans jour pour jour. Au début des années 1890, Brahms rencontre Richard Mühfeld, premier clarinettiste de l’orchestre de Meiningen. Cette rencontre pousse le compositeur à réaliser des œuvres pour l’instrument. Ou plutôt des chefs-d’œuvre, car alors qu’il entre dans la dernière partie de sa vie, Brahms va trouver là une sorte d’accomplissement musical extraordinaire.
Après un trio pour clarinette, violoncelle et piano, Johannes Brahms réalise l’un des chefs-d’œuvre les plus absolus, le quintette pour clarinette et cordes. Il le conçoit en même temps que le trio, pendant l’été, lors de son habituel séjour à Bad Ischl, lequel l’inspire décidément.
Les deux opus sont présentés à la cour ducale de Meiningen à titre privé le 24 novembre, et la création formelle a lieu à Berlin le 12 décembre. Je triche donc un peu en célébrant ici l’anniversaire de la création viennoise, le 5 janvier 1892.
À Berlin, la générale est déjà ouverte au public le 10 décembre. Le succès est tel que le concert public du 12 est joué à guichets fermés. Si c’est Mühfeld qui crée l’œuvre à Berlin avec Joseph Joachim au 1er violon et des membres de l’orchestre de Meiningen, c’est le quatuor Rosé et le clarinettiste Steiner qui jouent le quintette à Vienne. Mais le triomphe est total pour une partition au firmament.
En quatre mouvements traditionnels, Brahms nous entraîne dans une sorte de voyage, avec plusieurs leitmotives, dans un océan de douceur exquise, dont l’allegretto initial et l’adagio qui suit sont les plus belles réussites.
Par chance, j’ai trouvé cet extrait, qui comporte ces deux seuls mouvements, presque indissociables l’un de l’autre, et pas par n’importe quels interprètes, puisqu’il s’agit du légendaire quatuor Amadeus, avec le grand clarinettiste Karl Leister. Le son est perfectible, malheureusement (c’est un vinyle assez ancien), mais le cœur, lui, y est.