4 janvier 1903 : Justice est faite, pour Dreyfus et Magnard !
Instant classique – 4 janvier 1903… 117 ans jour pour jour. Parmi les grands oublis les plus injustes de l’histoire de l’art et celle de la musique en particulier, celui d’Albéric Magnard est sans doute l’un des plus cruels. J’ai déjà eu l’occasion de le raconter.
Albéric Magnard, c’est ce fils d’un directeur du Figaro, au caractère sombre et misanthrope, qui est rien moins que l’un des plus grands compositeurs français de la fin du XIXe siècle. C’est lui qui, voulant défendre sa maison en 1914, a tiré sur les Allemands qui voulaient la prendre. Ces derniers l’ont donc brûlée, et Magnard avec.
Lors de l’affaire Dreyfus, Magnard prend fait et cause pour le capitaine accusé de trahison. À la lecture du J’accuse de Zola, en 1898, il écrit à ce dernier : « Bravo, Monsieur, vous êtes un crâne. En vous l’homme vaut l’artiste. Votre courage est une consolation pour les esprits indépendants qui préfèrent la justice à leur tranquillité, qui ne tremblent pas à l’idée d’une guerre étrangère et qui ne se sont pas aplatis devant ce sinistre hibou de Drumont et ce vieux polichinelle de Rochefort. Marchez ! Vous n’êtes pas seul. On se fera tuer au besoin. »
C’est sous le coup de cette vaste affaire que Magnard compose ce grand hymne à la Justice. Il le dédie à son ami Émile Gallé, maître-verrier à Nancy et qui avait très activement contribué au combat pour Dreyfus. Il sera d’ailleurs une figure de la Ligue des droits de l’Homme.
L’œuvre est créée il y a cent dix-sept ans aux concerts du Conservatoire de Nancy et y remporte un succès public et critique : « L’hymne à la Justice est puissant et d’une originalité incontestable », écrit Le Libéral de l’Est le lendemain.
Jugez plutôt, vous ne le regretterez pas.
Justice pour Magnard !